Qui est Saïd Nouh Hassan ?

Longtemps resté cantonné à des fonctions de haute administration, Saïd Nouh Hassan s’est imposé, depuis 2021, comme l’un des ministres les plus exposés du gouvernement djiboutien. À la tête du ministère de l’Intérieur, il occupe un portefeuille où se croisent sécurité publique, gestion des territoires, maintien de l’ordre, politique migratoire et dossier des réfugiés. Un champ de responsabilités particulièrement sensible pour un pays-carrefour comme Djibouti, situé sur une route migratoire majeure entre la Corne de l’Afrique et la péninsule Arabique.

Mais qui est Saïd Nouh Hassan, au-delà des communiqués officiels, des rencontres diplomatiques et des discours prononcés dans les enceintes internationales ? Les informations publiques disponibles décrivent surtout un responsable issu de l’appareil d’État, passé par le secteur des transports avant d’être nommé au gouvernement. Sur sa vie privée, sa date de naissance, sa formation ou ses engagements partisans, les sources ouvertes consultables restent peu disertes. Ce silence documentaire, fréquent pour certains responsables gouvernementaux de la région, contraint à un exercice journalistique prudent : raconter ce que l’on sait, expliquer ce que l’on ne sait pas, et situer l’action politique là où elle est observable.

D’un parcours administratif à la scène gouvernementale

Les premières traces publiques, documentées et vérifiables, de Saïd Nouh Hassan renvoient à des responsabilités administratives liées aux transports et aux infrastructures. Des textes publiés au Journal officiel de la République de Djibouti le mentionnent, au milieu des années 2010, comme secrétaire général du ministère des Transports, ainsi que comme représentant du ministère de l’Équipement et des Transports au sein de conseils d’administration d’organismes publics.

Cette présence répétée dans des instances de gouvernance publique éclaire une trajectoire typique de la haute fonction publique : un profil qui s’inscrit dans la continuité de l’État, au contact des dossiers techniques (transport, routes, aviation civile, port), et rompu aux mécanismes interministériels.

C’est aussi un indice utile pour comprendre la suite : à Djibouti comme ailleurs, certains ministres arrivent au gouvernement sans être d’abord des figures partisanes de premier plan, mais plutôt comme des administrateurs réputés capables de gérer des secteurs stratégiques. À ce stade, les sources publiques consultées ne permettent pas d’établir, de manière documentée, une biographie complète (formation, carrière détaillée, appartenance politique revendiquée). En revanche, elles permettent d’ancrer un fait : avant d’être ministre de l’Intérieur, Saïd Nouh Hassan a exercé des responsabilités identifiées dans l’appareil d’État, notamment du côté des transports.

La nomination au ministère de l’Intérieur en 2021, moment de bascule

Le tournant intervient au printemps 2021. Un décret présidentiel portant nomination des membres du gouvernement, daté du 24 mai 2021, mentionne Saïd Nouh Hassan comme ministre de l’Intérieur. Ce texte, publié sur le site du Journal officiel djiboutien et repris par la Primature dans la présentation de la composition gouvernementale, constitue une source de référence sur sa prise de fonctions.

À partir de cette date, son nom devient récurrent dans la communication institutionnelle. Le site du ministère de l’Intérieur le présente comme le ministre en exercice et publie régulièrement des comptes rendus d’audiences, de réunions de travail, d’ateliers thématiques et de déplacements.

Plusieurs interventions publiques, notamment lors de cérémonies liées à la police nationale, décrivent une ligne de discours axée sur la modernisation des outils, la capacité d’intervention et l’adaptation aux menaces contemporaines. Cette rhétorique, visible dans des prises de parole relayées par la presse nationale, replace son action dans un cadre classique pour un ministère de l’Intérieur : afficher l’efficacité opérationnelle, la discipline institutionnelle et la recherche de performance face à l’évolution des risques.

La nature de ce portefeuille donne aussi une clé de lecture : la place publique du ministre de l’Intérieur est souvent déterminée moins par des annonces idéologiques que par des arbitrages concrets et immédiatement visibles (contrôle du territoire, migration, ordre public, coordination des services). C’est précisément sur ces terrains que l’action de Saïd Nouh Hassan est la plus documentée.

Migration et réfugiés, un dossier central et hautement sensible

S’il est un thème qui revient de manière insistante dans les discours et les activités du ministre, c’est la migration, au sens large : mouvements régionaux, transit, présence d’étrangers en situation irrégulière, mais aussi accueil et protection des réfugiés. Djibouti, pays de transit et parfois de destination, se trouve au carrefour de flux issus de la région. Dans une intervention publiée par les Nations unies à Djibouti, il est rappelé que le pays s’est doté, en juillet 2021, d’un bureau national des migrations, présenté comme un outil de gouvernance pour répondre aux défis et opportunités des flux migratoires.

Sur le versant réfugiés, Saïd Nouh Hassan apparaît régulièrement dans les enceintes du HCR, à Genève, à l’occasion de sessions du comité exécutif. Les comptes rendus officiels du ministère de l’Intérieur djiboutien relatent sa participation à la 75e session du comité exécutif du HCR, tenue du 14 au 18 octobre 2024, avec un discours insistant sur la coopération avec l’agence onusienne et l’enjeu de renforcer le soutien international.

Un document du HCR, portant une déclaration attribuée au ministre pour la 72e session du comité exécutif (octobre 2021), situe déjà cette thématique au cœur de son agenda peu après sa nomination. On y retrouve une argumentation classique des pays hôtes : affirmer l’engagement humanitaire, rappeler les contraintes socio-économiques et demander un partage plus équilibré des charges.

À l’automne 2025, la presse nationale rapporte encore une présence à Genève, avec un message appelant à une mobilisation durable pour soutenir les pays accueillant des réfugiés, dans un contexte de tensions sur les financements humanitaires. Le même article évoque, côté djiboutien, l’expérience de longue durée de l’accueil et une pression migratoire importante, chiffres présentés dans ce compte rendu.

Dans la pratique, cette politique migratoire ne se résume pas à des discours. Le ministre multiplie les rencontres avec les organisations internationales. Les audiences avec des responsables du HCR et de l’OIM figurent régulièrement dans les publications du ministère et dans la presse.

L’OIM revient notamment comme interlocuteur sur la gestion des retours et l’organisation de dispositifs aux frontières. Des articles relayés en 2025 mentionnent des échanges sur le renforcement des capacités nationales de gestion migratoire et l’idée de structures de transit frontalières, associées à des services d’accueil et d’assistance.

Cet axe “migration” est donc à la fois une vitrine internationale (réfugiés, coopération multilatérale) et un sujet de politique intérieure, où l’exécutif est attendu sur la maîtrise des entrées, la sécurité et la cohésion sociale.

Sécurité intérieure, police et gouvernance territoriale : les marqueurs d’un ministère régalien

Le ministère de l’Intérieur, à Djibouti, ne se limite pas au maintien de l’ordre : il structure aussi une partie de la gouvernance territoriale, la coordination avec les autorités régionales et locales, et l’appareil de sécurité intérieure. Les discours de Saïd Nouh Hassan, tels que rapportés par la presse nationale, mettent en avant une police “moderne et efficace”, dotée d’outils adaptés aux menaces contemporaines, et appelée à gagner en performance sur le terrain.

Les activités publiques du ministre montrent également une dimension de coopération sécuritaire régionale et internationale. Il participe à des réunions de ministres arabes de l’Intérieur, à Tunis, en 2024 puis en 2025, selon des comptes rendus publiés par la presse nationale et par le ministère. Ces rencontres sont présentées comme des espaces d’échange sur la situation régionale et les défis sécuritaires, avec adoption de résolutions destinées à consolider l’action collective.

Parallèlement, l’Intérieur djiboutien cherche à renforcer des partenariats bilatéraux. Les publications officielles évoquent par exemple des contacts avec des homologues et des délégations étrangères, et la presse reprend des visites de travail ou des séquences de coopération technique.

Autre volet, plus administratif : la coordination avec les préfets et les régions, notamment sur des opérations liées à la migration irrégulière. En avril 2025, le ministère publie un compte rendu d’une réunion de travail présidée par Saïd Nouh Hassan avec les préfets des régions de l’intérieur, dans la perspective d’opérations de retour de migrants en situation irrégulière.

Ce type de réunion illustre la nature concrète du portefeuille : organiser l’action de l’État à l’échelle du territoire, articuler décisions nationales et mise en œuvre locale, et assumer publiquement les mesures contestées ou sensibles.

Cohésion sociale, cadre juridique et débats autour du contrôle migratoire

Depuis 2024, l’une des séquences les plus commentées autour du ministère de l’Intérieur touche aux mesures contre l’immigration irrégulière. Les publications institutionnelles et la presse nationale évoquent des opérations de contrôle, des décisions exhortant des étrangers en situation irrégulière à quitter le pays, et des déplacements du ministre dans certaines régions.

En avril 2025, un article de La Nation rapporte ainsi un déplacement du ministre à Ali-Sabieh après une décision du gouvernement demandant aux immigrés irréguliers de quitter le pays dans un délai d’un mois, dans le cadre d’opérations de refoulement.

La communication du ministère de l’Intérieur s’inscrit dans cette même logique, en liant contrôle migratoire, sécurité et ordre public. Un texte publié sur le site ministériel, relatif au lancement du plan d’action quinquennal (2022-2027) de la stratégie nationale pour les migrations, contient des déclarations du ministre soulignant des conséquences jugées préoccupantes de l’immigration clandestine et l’association entre irrégularité et enjeux de sécurité.

Dans le même temps, l’Intérieur met en avant une approche plus large, articulant sécurité et cohésion. À l’été 2025, La Nation décrit le lancement de consultations pour une stratégie nationale de cohésion sociale, en partenariat avec le PNUD et le Centre de Technologie et d’Innovation pour le Développement. Le ministre y apparaît comme pilote d’une démarche visant à renforcer la stabilité durable et l’inclusion, en réunissant acteurs locaux et régionaux.

Ce double registre, fermeté sur l’irrégularité et discours sur l’inclusion, est typique des ministères confrontés à des flux migratoires importants : répondre à l’inquiétude sécuritaire et sociale tout en maintenant un cadre de coopération internationale, notamment sur les réfugiés.

Le portefeuille touche aussi au droit et à la régulation de la vie publique. En 2025, des articles mentionnent la présentation, par Saïd Nouh Hassan, d’éléments essentiels d’un projet de loi visant à établir un nouveau cadre juridique pour la vie associative, examiné à l’Assemblée nationale.

Enfin, un autre champ d’action illustre l’élargissement des missions contemporaines de l’Intérieur : la gestion des risques et la protection civile. Des publications évoquent des initiatives liées aux systèmes d’alerte précoce multirisques, placées sous le patronage du ministre, afin d’améliorer la sécurité face aux aléas climatiques et aux risques naturels.

Au total, les informations publiques disponibles permettent de dessiner un portrait cohérent : Saïd Nouh Hassan est un responsable issu de la haute administration, officiellement nommé ministre de l’Intérieur le 24 mai 2021, dont l’action se concentre sur des domaines régaliens et politiquement sensibles, au premier rang desquels la migration (irrégulière et réfugiés), la coopération sécuritaire et la cohésion sociale.

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