Qui est Shadiya Alimatou Assouman, la femme politique ?

Sur la scène politique béninoise, certains noms reviennent avec régularité dès que l’on parle d’industrialisation, de compétitivité, de marchés modernes ou de promotion des produits nationaux. Celui de Shadiya Alimatou Assouman s’est imposé de cette manière, à la faveur d’un portefeuille devenu central dans l’agenda économique du pays : l’Industrie et le Commerce. Originaire de Djougou, dans le département de la Donga, elle incarne aujourd’hui une figure gouvernementale associée à une ligne politique qui mise sur la structuration des filières, l’amélioration de l’environnement des affaires et l’affirmation d’une production locale plus visible, jusque dans les habitudes de consommation. Ministre depuis septembre 2019, elle évolue à la jonction d’enjeux très concrets, souvent techniques, mais éminemment politiques : l’accès aux marchés, la protection du consommateur, la normalisation, la propriété intellectuelle, les échanges régionaux et internationaux, ou encore le soutien aux entreprises locales.

Une originaire de Djougou propulsée au premier plan de l’exécutif

Shadiya Alimatou Assouman est présentée comme une femme politique béninoise originaire de Djougou, commune du nord-ouest du pays, dans la Donga. Cet ancrage territorial n’est pas un détail dans un paysage politique où la représentation des régions, la connaissance des réalités locales et la capacité à tenir un discours de proximité comptent, notamment lorsque l’action publique touche à des secteurs diffus comme le commerce intérieur, l’artisanat, la transformation agroalimentaire ou les circuits de distribution.

Son entrée au gouvernement intervient dans une séquence de recomposition de l’équipe exécutive autour du président Patrice Talon : Shadiya Alimatou Assouman prend la tête du ministère chargé de l’Industrie et du Commerce à partir du 6 septembre 2019. La date est importante, car elle situe le début d’une période de continuité : en politique béninoise, où les ajustements gouvernementaux ne sont pas rares, la durée à un poste ministériel peut être lue comme un indicateur de stabilité, de confiance présidentielle et de capacité à porter des réformes dans le temps.

Dans les listes publiques relatives à la composition gouvernementale, elle est associée au Bloc Républicain (BR), un parti de la mouvance présidentielle. Cette inscription partisane, au-delà de l’étiquette, renseigne sur son inscription dans un dispositif politique plus large : celui d’une majorité cherchant à articuler une action gouvernementale centrée sur des projets, des investissements et des résultats sectoriels, tout en consolidant des bases politiques.

Au fil des années, son nom apparaît régulièrement dans des cadres institutionnels où se jouent des décisions budgétaires et des orientations publiques : la Commission budgétaire de l’Assemblée nationale, des cérémonies liées au monde consulaire ou des initiatives de promotion économique. Cet ensemble de présences, souvent protocolaires en apparence, est aussi un thermomètre : il indique les espaces dans lesquels une ministre de l’Industrie et du Commerce est attendue pour rendre compte, défendre une trajectoire, expliquer des priorités et dialoguer avec des élus ou des acteurs économiques.

Le ministère de l’Industrie et du Commerce, un poste stratégique dans le Bénin de Patrice Talon

Être ministre de l’Industrie et du Commerce au Bénin, ce n’est pas seulement gérer un portefeuille administratif. Les missions publiques décrites par le ministère lui-même mettent en avant un rôle de leadership politique et institutionnel, avec un pilotage des structures et une exigence de gouvernance et d’efficacité de l’action publique dans les domaines de compétence du ministère. Derrière cette formulation, se dessinent des responsabilités multiples : encadrement des pratiques commerciales, organisation des marchés, soutien à l’industrialisation, suivi des échanges extérieurs, protection du consommateur, régulation, normes, métrologie, et accompagnement des transformations économiques.

Cette dimension s’observe concrètement dans la ritualisation des “grands oraux” budgétaires : fin 2023, Shadiya Alimatou Assouman se prête, comme d’autres membres du gouvernement, à l’exercice de présentation du projet de budget de son département devant la Commission budgétaire de l’Assemblée nationale. L’enjeu ne se limite pas aux chiffres : il s’agit d’expliquer une vision, de hiérarchiser les priorités, de rendre lisible l’action du ministère et d’obtenir l’adhésion des parlementaires à une trajectoire.

L’Assemblée nationale du Bénin a également rendu compte de ce type d’audition en soulignant les objectifs de poursuite de réformes structurelles et en mentionnant le montant du budget 2024 défendu par la ministre et son département. Dans ce dialogue entre exécutif et législatif, la ministre devient un visage public de la politique économique : elle ne parle pas seulement au nom d’une direction, mais au nom d’une orientation gouvernementale.

La même logique se poursuit dans les exercices budgétaires récents. En novembre 2024, la ministre présente devant la commission budgétaire les grandes lignes du projet de budget 2025 de son département, selon une publication du ministère. Cette présence régulière devant les députés installe une continuité : celle d’un ministère qui revendique une feuille de route, à la fois de transformation industrielle et de structuration du commerce, avec des jalons budgétaires censés matérialiser l’action.

Ces comptes rendus institutionnels éclairent aussi un aspect essentiel du rôle ministériel : la capacité à articuler le “politique” et le “technique”. Par nature, l’industrie et le commerce imposent des arbitrages entre protection et ouverture, entre soutien au “local” et insertion dans les chaînes de valeur régionales et mondiales, entre facilitation des affaires et régulation, entre promotion et contrôle. Or, les prises de parole budgétaires sont l’un des rares moments où ces arbitrages doivent être explicités publiquement, au-delà des communiqués.

“Consommons local”, marqueur politique et économique d’une stratégie de production nationale

S’il fallait identifier un thème qui a contribué à ancrer Shadiya Alimatou Assouman dans l’espace public, ce serait la promotion de la consommation des produits béninois, notamment à travers l’initiative “Consommons local”. L’événement s’inscrit dans un calendrier national, avec un “mois” dédié, porté par le ministère de l’Industrie et du Commerce. Pour l’édition 2025, le ministère présente ce mois comme un moment destiné à mettre en lumière les produits et savoir-faire béninois, en valorisant l’investissement agro-industriel, l’artisanat local et l’accès aux marchés.

L’initiative n’est pas cantonnée à une communication ministérielle. En septembre 2024, le site officiel de l’Assemblée nationale rapporte une rencontre au cours de laquelle la ministre présente le projet au président de l’institution parlementaire, Louis Gbèhounou Vlavonou. Cette séquence, dans une lecture politique, est révélatrice : elle installe l’événement comme un enjeu national, qui dépasse la seule logique d’animation économique. Faire du “consommer local” un sujet d’institution, c’est le rattacher à une stratégie de souveraineté économique, de résilience et de valorisation de la transformation interne.

Le discours public associé à “Consommons local” met aussi en avant des objectifs macroéconomiques : soutenir l’emploi, stimuler la production nationale, réduire la dépendance aux importations et préserver les devises, selon une publication officielle liée au mois 2025. Là encore, on observe la manière dont une initiative de consommation est transformée en argument de politique économique. La ministre, en l’assumant, se positionne à l’interface de plusieurs publics : producteurs, transformateurs, commerçants, consommateurs, mais aussi partenaires publics, élus et médias.

Dans la communication institutionnelle, le ministère insiste sur la dimension structurante de l’événement, en le présentant comme une démarche nationale, répétée, organisée, avec des filières mises en avant selon les éditions. Le choix de filières et la programmation constituent, dans un contexte de politique industrielle, une manière de signaler des priorités : attirer l’investissement, favoriser la transformation, encourager des chaînes de valeur locales, améliorer l’accès au marché. Même sans entrer dans les détails de chaque mesure, l’existence d’un dispositif reconduit d’année en année indique une volonté de construire une narration économique durable.

Les médias béninois se sont aussi fait l’écho du lancement d’éditions du “Mois du Consommons local”, en mentionnant des lieux symboliques et des formats d’événements. Mais, pour la ministre, l’enjeu dépasse l’événementiel : il s’agit de renforcer l’idée que la demande intérieure peut devenir un levier d’industrialisation. Dans un pays où une partie de la consommation repose sur des importations, rendre le “local” désirable, accessible, normé et compétitif est une bataille autant culturelle qu’économique.

Cette initiative offre également une clé de lecture du rôle de Shadiya Alimatou Assouman : elle s’inscrit dans une politique de transformation qui cherche à relier des sujets dispersés. Consommer local renvoie à la production ; la production renvoie à l’investissement ; l’investissement renvoie à la compétitivité ; la compétitivité renvoie aux normes, à la qualité, à la logistique, aux marchés modernes. Autrement dit, l’initiative agit comme un fil conducteur permettant d’articuler des politiques publiques multiples sous une bannière lisible par le grand public.

Des dossiers nationaux aux scènes internationales : OAPI, AGOA et diplomatie économique

Le parcours ministériel de Shadiya Alimatou Assouman ne se limite pas aux politiques internes. Une partie de son action est documentée à travers des fonctions et des déplacements liés à l’intégration régionale et à la diplomatie économique.

Un premier axe se situe autour de la propriété intellectuelle, thématique souvent moins médiatisée, mais essentielle pour une stratégie industrielle : marques, brevets, innovations, protection des créations et des savoir-faire. Selon une publication officielle du Gouvernement de la République du Bénin, le pays assure depuis le 1er janvier 2021 la présidence du Conseil d’Administration de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), basée à Yaoundé, et l’article relate une visite de travail de la ministre en juillet 2021 dans ce cadre. La mention est importante : elle montre que le ministère du Commerce et de l’Industrie est mobilisé sur des questions de gouvernance régionale, au-delà des dossiers strictement nationaux.

L’OAPI est un instrument central pour la protection juridique des innovations et des marques dans plusieurs États membres. Dans une perspective industrielle, la propriété intellectuelle devient un enjeu de compétitivité, de sécurisation des investissements et de montée en gamme. Le fait que la ministre soit associée à la présidence en exercice du Conseil d’Administration, dans des récits institutionnels, souligne la place du Bénin dans cette architecture régionale et le rôle de représentation joué par la titulaire du portefeuille.

Un second axe, plus directement tourné vers les échanges commerciaux, se lit à travers sa participation au forum AGOA (African Growth and Opportunity Act) à Washington. Le Gouvernement du Bénin rapporte qu’en juillet 2024, la ministre conduit une délégation à la 21e édition de ce forum, tenue dans la capitale américaine. Dans le contexte africain, AGOA est un cadre souvent mobilisé pour discuter d’accès préférentiel au marché américain pour certains produits, de promotion des exportations, d’attractivité et de partenariats. Le fait qu’un compte rendu officiel insiste sur cette participation confirme que le ministère assume aussi un rôle de vitrine : présenter le pays, valoriser ses filières exportatrices, dialoguer avec des partenaires et inscrire la politique commerciale du Bénin dans des cadres internationaux.

Ces scènes internationales complètent une lecture nationale centrée sur la transformation : on ne peut encourager la production sans penser aux débouchés. Le commerce extérieur, l’accès à des marchés, la mise à niveau, les normes, la qualité et la certification, sont des sujets qui se jouent souvent à l’interface entre administrations, entreprises et partenaires. Même lorsqu’un article institutionnel reste descriptif, la simple inscription de la ministre dans ces événements donne un signal : le portefeuille Industrie et Commerce est un ministère de projection, pas uniquement de régulation interne.

Dans le même esprit, des comptes rendus gouvernementaux associent le ministère à des projets d’infrastructures commerciales comme des marchés modernes régionaux, qui participent à la structuration des échanges et à la modernisation des lieux de vente. Ces investissements, lorsqu’ils sont mis en avant par la communication publique, montrent que le commerce est aussi pensé comme une question d’équipement et d’aménagement : les marchés ne sont pas seulement des espaces économiques, ce sont des lieux sociaux, des pôles de circulation et des symboles de modernisation.

Une figure gouvernementale, entre représentation politique, budgets publics et attentes sociales

Être une femme ministre dans un portefeuille économique expose à des attentes spécifiques. Sans prêter d’intentions, on peut observer que le nom de Shadiya Alimatou Assouman apparaît aussi dans des contextes où la question de la mobilisation des femmes en politique, de l’autonomisation et de la représentation est présente dans l’espace public. Cela n’est pas marginal : au Bénin comme ailleurs, la visibilité des femmes au gouvernement est à la fois un indicateur de transformation sociale et un levier de narration politique.

Mais le cœur de la légitimité ministérielle demeure la capacité à délivrer des résultats, à porter des politiques publiques et à rendre compte. La répétition des auditions budgétaires et des présentations de projets de budgets devant l’Assemblée nationale installe la ministre dans un rôle de justification permanente : expliquer l’usage des fonds publics, démontrer la cohérence des priorités, convaincre de l’utilité des dépenses. Dans une démocratie, ce passage devant les députés est un moment clé : il renvoie à la transparence, au contrôle parlementaire, et à la possibilité, pour l’opinion, de mesurer les engagements.

Ces exercices budgétaires, souvent traités comme des événements institutionnels, sont aussi révélateurs d’un fait structurel : la politique industrielle est une politique de temps long. Industrialiser ne se fait pas sur un trimestre. Promouvoir le “local” suppose de travailler sur la compétitivité, la qualité, la distribution, la logistique, la formation, la normalisation, l’accès au financement, l’énergie et les infrastructures. Dans ce paysage, la ministre de l’Industrie et du Commerce se trouve confrontée à des attentes parfois contradictoires : faire baisser certains prix, protéger le consommateur, soutenir les producteurs locaux, favoriser l’investissement, réguler sans étouffer, ouvrir des marchés sans fragiliser des secteurs.

Les informations publiques disponibles permettent surtout de suivre des marqueurs : une prise de fonction en 2019, une insertion durable dans l’équipe gouvernementale, une participation à des forums internationaux, des responsabilités régionales liées à l’OAPI, et des initiatives nationales de promotion économique comme “Consommons local”. Sur la base de ces éléments, on peut dessiner le portrait d’une ministre dont l’action se déploie sur plusieurs scènes simultanément : l’Assemblée nationale pour la reddition de comptes, les territoires et les marchés pour la politique de proximité, les organisations régionales pour les règles du jeu économique, et l’international pour l’attractivité et l’accès aux débouchés.

Reste une dimension plus diffuse, mais centrale en politique : la construction d’une image publique. Dans les photographies officielles et les comptes rendus, Shadiya Alimatou Assouman est montrée dans des lieux de décision, au contact d’élus, d’opérateurs économiques, ou dans des cadres diplomatiques. À travers ces séquences, la fonction se raconte : un ministère économique n’est pas seulement une administration, c’est une scène où se joue une promesse, celle d’un pays qui veut produire davantage, transformer, exporter, consommer local et mieux organiser ses échanges.

Si l’on devait résumer, sans extrapoler au-delà des informations publiées, qui est Shadiya Alimatou Assouman dans le paysage béninois : une femme politique originaire de Djougou, devenue ministre de l’Industrie et du Commerce depuis septembre 2019, associée au Bloc Républicain, active dans les arènes budgétaires nationales, engagée dans des initiatives de promotion de la consommation locale et présente sur des scènes régionales et internationales liées au commerce et à la propriété intellectuelle.

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