Né à Yamoussoukro, passé par la banque avant d’entrer au gouvernement, Souleymane Diarassouba s’est installé, depuis 2017, au cœur de l’appareil économique ivoirien. Ministre chargé, selon les configurations, du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, il incarne une figure désormais familière des dossiers sensibles : encadrement des marchés, soutien aux petites entreprises, ambitions industrielles, mais aussi diplomatie économique.
Son parcours est souvent présenté comme celui d’un profil « technicien » devenu responsable politique, avec une formation marquée par la finance et une carrière dans le secteur bancaire, avant une montée en responsabilité dans l’administration locale puis dans les structures partisanes du RHDP. En mars 2021, il ajoute une autre dimension à son profil en devenant député de Yamoussoukro, sa ville natale. Entre l’exécutif et le terrain, il s’agit d’un itinéraire révélateur des équilibres ivoiriens : conjuguer compétence économique, gestion d’enjeux sociaux très concrets et ancrage politique.
Des racines à Yamoussoukro et un cursus tourné vers la gestion
Les biographies publiques disponibles situent la naissance de Souleymane Diarassouba au 27 juin 1971 à Yamoussoukro. Son profil académique est, lui aussi, décrit de manière relativement convergente : formation en sciences de gestion et en finance, spécialisation en audit et contrôle de gestion, parcours complémentaire en banque, ainsi qu’un programme de management avancé dans un dispositif de partenariat d’école de commerce.
Ces éléments, souvent repris dans les notices institutionnelles, servent à expliquer la cohérence de son positionnement public : le commerce, l’industrie, les PME et l’artisanat sont des domaines où l’argument de la compétence technique est régulièrement mobilisé, notamment lorsque l’opinion attend des réponses rapides à la cherté de la vie, aux tensions d’approvisionnement, ou aux difficultés des petites entreprises.
Sur le plan familial, certaines présentations biographiques de type annuaire indiquent qu’il est marié et père de quatre enfants, sans détailler davantage sa vie privée.
Du secteur bancaire à la sphère publique : un profil de « banquier-ministre »
Avant son entrée au gouvernement, Souleymane Diarassouba est présenté comme ayant construit une carrière dans la banque et la finance, jusqu’à occuper des fonctions de direction. Des profils publics, notamment dans des présentations d’événements internationaux, le décrivent comme ancien directeur général d’Atlantic Business International (ABI), avant son arrivée au gouvernement en janvier 2017.
D’autres sources biographiques grand public insistent sur sa trajectoire au sein de réseaux professionnels du secteur financier, en mentionnant des responsabilités dans des associations professionnelles bancaires (à l’échelle nationale et UEMOA), ainsi que des rôles de représentation vis-à-vis du patronat.
La conversion d’un dirigeant du secteur bancaire en responsable public n’est pas un phénomène isolé. Dans le cas de Souleymane Diarassouba, la narration dominante repose sur un fil rouge : celui d’une expertise financière jugée utile pour articuler la régulation du marché intérieur, la compétitivité des entreprises, la transformation industrielle et l’attractivité du pays. Cette image de « passerelle » entre secteur privé et État est toutefois ambivalente : elle peut rassurer les investisseurs et les organisations économiques, mais elle nourrit aussi, dans le débat public, des attentes très fortes en matière de résultats concrets sur les prix, l’emploi et la structuration des filières.
Au cœur de l’exécutif depuis 2017 : commerce, industrie et promotion des PME
Souleymane Diarassouba fait son entrée au gouvernement ivoirien le 11 janvier 2017, en tant que ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME. Les remaniements successifs font évoluer la dénomination et l’architecture des portefeuilles, mais les sources institutionnelles soulignent une continuité : il demeure rattaché à l’axe commerce–industrie–PME, avec un élargissement ou une recomposition des attributions selon les périodes.
Le remaniement du 20 avril 2022, largement relayé par la presse ivoirienne, le place à la tête d’un ministère fusionnant commerce, industrie et promotion des PME, avec une logique affichée de cohérence entre régulation des échanges, soutien au tissu productif et objectif d’industrialisation.
Enfin, la liste officielle de la présidence annonçant la composition du gouvernement formé autour de Robert Beugré Mambé en octobre 2023 mentionne Souleymane Diarassouba comme ministre du Commerce et de l’Industrie, confirmant son maintien dans ce bloc de compétences.
Dans les faits, trois domaines reviennent de manière récurrente dans les communications publiques autour de son portefeuille :
D’abord, la régulation du marché et la protection du consommateur, sujet hautement politique lorsque les prix augmentent ou que les circuits d’approvisionnement se tendent.
Ensuite, la politique industrielle, avec l’enjeu de développer des capacités de transformation, de favoriser l’investissement productif et de structurer des filières, y compris dans des secteurs stratégiques. Sur ce point, des communications gouvernementales ont par exemple rapporté des objectifs de montée en puissance de la production pharmaceutique nationale (avec une cible évoquée de 50% à l’horizon 2025 dans un discours relayé par la communication officielle).
Enfin, la promotion des PME et de l’artisanat, souvent décrits comme un « poumon » de l’économie en matière d’emplois, de création d’activités et d’inclusion économique.
Au-delà du marché intérieur, son ministère a aussi une dimension internationale. Des comptes rendus officiels montrent sa participation à des séquences liées au commerce et aux partenariats, comme des événements autour des échanges et de l’accès aux marchés. Plus récemment, des médias ont rapporté qu’il représentait la Côte d’Ivoire au Conseil d’administration de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), à Brazzaville, les 11 et 12 décembre 2025, soulignant l’importance croissante des enjeux de propriété intellectuelle dans les stratégies industrielles et d’innovation.
Dans un registre plus institutionnel, il a aussi été associé au lancement, en avril 2019, du Plan d’action national 2018-2020 de l’initiative Open Government Partnership (Partenariat pour un gouvernement ouvert), en mettant en avant l’objectif de transparence de la gestion publique.
Député de Yamoussoukro : une légitimité locale en parallèle des fonctions nationales
Le 6 mars 2021, Souleymane Diarassouba est élu député de Yamoussoukro, ce qui le place dans la situation d’un ministre disposant aussi d’un mandat parlementaire, et donc d’une base électorale directe.
Dans la communication politique qui accompagne son installation comme député, le fil conducteur est celui d’un engagement pour la relance et le rayonnement de la capitale politique : attractivité, infrastructures, développement urbain et dynamisation économique. Cette orientation est visible dans plusieurs comptes rendus de presse locale, qui présentent la séquence post-électorale comme un moment de « relance » pour Yamoussoukro.
Son ancrage local est aussi documenté par des sources biographiques mentionnant des responsabilités territoriales et partisanes : vice-gouverneur du district autonome de Yamoussoukro, fonctions au sein du RDR puis du RHDP à l’échelle régionale.
Politiquement, ce double statut répond à une logique classique : le ministère expose à des arbitrages parfois impopulaires, tandis que le mandat local permet de construire une relation de proximité, d’incarner des projets concrets et d’entretenir une légitimité populaire, notamment dans une ville à forte charge symbolique.
Une figure de la politique économique, entre influence, débats et nouveaux terrains d’idées
L’influence de Souleymane Diarassouba tient, d’abord, à sa longévité à la tête d’un périmètre stratégique depuis 2017, malgré les changements de gouvernements et de premiers ministres. Cette continuité lui donne une place particulière dans les dossiers de régulation du marché et de transformation économique, où la stabilité peut être perçue comme un atout pour suivre des programmes sur plusieurs années.
Dans le débat public, ses dossiers les plus exposés sont ceux qui touchent directement au quotidien : prix, disponibilité de certains produits, arbitrages entre contrôle et fonctionnement du marché, mais aussi stratégie industrielle à long terme (investissement, compétitivité, incitations). Ce sont des sujets où la temporalité politique (l’urgence sociale) s’oppose souvent à la temporalité économique (les effets différés d’une réforme ou d’un investissement).
Un autre élément s’ajoute à son profil ces dernières années : son implication dans un think tank, Africa Perspectives Institute (API), présenté comme un laboratoire d’idées visant à produire et diffuser des propositions sur des stratégies publiques ou privées. Des articles récents rapportent des conférences et activités de réflexion (par exemple sur les enjeux du multilatéralisme ou sur l’économie sociale et solidaire), où il intervient comme président du conseil d’administration.
Ce positionnement, à la fois gouvernemental et « producteur d’idées », correspond à une tendance observée chez plusieurs responsables économiques du continent : consolider une image de décideur, tout en s’adossant à des espaces de réflexion qui dialoguent avec le monde académique, les entreprises et les partenaires internationaux.
Au total, les informations publiques disponibles dessinent le portrait d’un ministre-député à l’interface entre plusieurs univers : la finance, l’exécutif, l’appareil politique et la diplomatie économique. Son parcours illustre une trajectoire de pouvoir où la compétence technique sert d’argument de légitimité, mais où la réussite politique se mesure, in fine, à des résultats visibles dans la vie quotidienne, à la capacité de soutenir le tissu des entreprises et à la crédibilité d’une stratégie d’industrialisation.



