Stella Tembisa Ndabeni-Abrahams, la ministre sud-africaine qui veut faire des petites entreprises un levier de transformation

L’ascension de Stella Tembisa Ndabeni-Abrahams, actuelle ministre sud-africaine du Small Business Development (Développement des petites entreprises), s’inscrit au croisement de plusieurs dynamiques majeures de la société sud-africaine : la lutte contre le chômage de masse, la transformation numérique, la promotion de l’entrepreneuriat et la place des femmes dans la vie politique. Née en 1978 dans un village proche de Mthatha, dans la province du Cap-Oriental, cette militante de longue date de l’African National Congress (ANC) incarne aujourd’hui l’un des visages les plus visibles de la politique en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) et des micro-entrepreneurs, considérés par le gouvernement comme un pilier central de la relance économique du pays.

Nominalement à la tête du ministère du Small Business Development depuis le 5 août 2021, elle est chargée de piloter des politiques publiques destinées à faciliter la création d’entreprises, à réduire les lourdeurs administratives qui freinent l’activité et à soutenir un tissu économique composé de millions de travailleurs indépendants, d’artisans, de commerçants de quartier et de start-up innovantes.

Mais l’image de Stella Ndabeni-Abrahams ne se résume pas à un parcours linéaire de technocrate. Avant de rejoindre le gouvernement, et avant même de devenir députée, elle a travaillé comme project manager dans un organisme socio-économique en charge notamment de programmes de lutte contre le VIH/sida dans les municipalités du Cap-Oriental. Elle a également connu des épisodes de controverse, qu’il s’agisse d’une altercation avec des journalistes de la télévision publique ou d’une violation des règles strictes de confinement au début de la pandémie de Covid-19.

Aujourd’hui, à la tête d’un portefeuille gouvernemental stratégique mais souvent critiqué pour ses résultats jugés insuffisants, elle tente d’articuler une vision qui combine soutien aux très petites entreprises, réforme réglementaire et intégration du numérique dans l’économie de proximité. Son action est scrutée par les milieux d’affaires, par l’opposition politique et par les millions de Sud-Africains qui vivent, directement ou indirectement, de l’économie informelle et des petites structures commerciales.

Des origines modestes à la scène politique nationale

Stella Tembisa Ndabeni-Abrahams naît le 30 juin 1978 à Sakhela, un village situé près de Mthatha, dans l’actuelle province du Cap-Oriental. Elle est l’aînée d’une fratrie de six enfants, dans une famille profondément ancrée dans la foi chrétienne, ses deux parents étant pasteurs.

Elle grandit dans un contexte marqué par la fin de l’apartheid et par les espoirs portés par la transition démocratique. Très tôt, elle se rapproche des structures militantes du mouvement de libération. À la fin des années 1980, alors qu’elle est encore adolescente, elle est recrutée comme marshal au sein de l’ANC, puis rejoint la Ligue des jeunes de l’ANC (ANC Youth League) après la légalisation du parti au début des années 1990.

Après ses études secondaires à Mthatha, elle entre dans l’administration provinciale du Cap-Oriental, où elle débute comme employée administrative. Elle suit des formations supérieures, notamment un certificat avancé en gestion de projet, et complète par la suite plusieurs diplômes orientés vers le management et les télécommunications. Les documents officiels indiquent qu’elle poursuit encore aujourd’hui des études de master en informatique et business international auprès d’un établissement basé en Europe.

De 2003 à 2009, elle travaille comme project manager pour l’Eastern Cape Socio-Economic Consultative Council, un organisme chargé d’accompagner les collectivités locales sur des enjeux de développement socio-économique, dont la lutte contre le VIH/sida. Ce poste lui permet de se forger une expérience concrète de terrain, au contact des réalités des municipalités et des difficultés structurelles qui freinent le développement local, notamment l’accès aux services de base, au financement et à l’emploi.

Parallèlement, elle gravit les échelons de la Ligue des jeunes de l’ANC : membre du comité régional à Mthatha à la fin des années 1990, elle intègre ensuite le comité exécutif provincial, puis le comité exécutif national de la Ligue en 2008, au moment où Julius Malema en devient le président. Son profil de jeune militante dynamique, issue d’une province rurale, la place alors dans le radar des instances nationales de l’ANC.

L’année 2009 marque un tournant : Stella Ndabeni-Abrahams est élue pour la première fois députée à l’Assemblée nationale, sur la liste régionale de l’ANC pour le Cap-Oriental. Elle devient whip du groupe ANC au sein de la commission parlementaire de la Défense et des anciens combattants, un poste qui la familiarise avec les rouages de la discipline de parti et de la gestion des travaux parlementaires.

Son ascension au sein de la Ligue des jeunes est cependant brutalement interrompue en 2010, lorsqu’elle est expulsée du comité exécutif national de la Ligue par une motion de défiance, dans un contexte de tensions internes autour de la direction Malema. Cet épisode la tient à distance de la structure jeunesse, mais ne freine pas sa progression au sein de l’ANC et de l’appareil gouvernemental, qui se poursuit dans les années suivantes.

Sur le plan privé, elle se marie en 2012 à Mthatha avec Thato Abrahams et prend le nom composé Ndabeni-Abrahams. Le couple a trois enfants. Cette dimension familiale est souvent mentionnée dans les portraits qui lui sont consacrés, soulignant l’équilibre qu’elle tente de maintenir entre vie privée et responsabilités publiques.

Une spécialiste des télécommunications passée par les ministères de la Communication

Avant de prendre la tête du ministère du Small Business Development, Stella Ndabeni-Abrahams s’est imposée comme une figure centrale de la politique sud-africaine des télécommunications et du numérique.

En octobre 2011, elle est nommée vice-ministre de la Communication dans le gouvernement de Jacob Zuma. Elle occupe ce poste jusqu’en mars 2017, travaillant avec plusieurs ministres successifs et pilotant des dossiers sensibles comme le développement des infrastructures de téléphonie mobile, la régulation du secteur audiovisuel et la migration vers la télévision numérique.

En mars 2017, elle est transférée au poste de vice-ministre des Télécommunications et des Services postaux, toujours dans le même secteur, ce qui confirme la spécialisation de son profil sur les questions de connectivité, de haut débit et de transformation numérique.

En novembre 2018, le président Cyril Ramaphosa la promeut ministre des Communications. Sa nomination est alors analysée comme un signal de renouvellement et de rajeunissement au sein du gouvernement. Dans le même mouvement, la présidence annonce la réunification des portefeuilles Communications, Télécommunications et Services postaux, sous l’autorité du ministère qu’elle dirige, pour donner davantage de cohérence à la politique numérique de l’État.

À l’issue des élections générales de 2019, elle est reconduite au gouvernement, cette fois comme ministre des Communications et des Technologies numériques, à la tête d’un département unifié. Sous sa responsabilité, l’Afrique du Sud se dote notamment d’une Commission présidentielle sur la quatrième révolution industrielle, chargée de proposer une stratégie nationale pour tirer parti des innovations liées à l’intelligence artificielle, aux données massives et à l’automatisation, ce qu’elle présente comme un levier pour créer des emplois et moderniser l’économie.

Son passage à ce ministère est également marqué par une collaboration accrue avec des entreprises technologiques internationales. En 2021, lorsqu’un investissement d’un milliard de dollars de Google dans la transformation numérique de l’Afrique est annoncé, elle souligne publiquement le rôle que peuvent jouer ces acteurs pour accompagner les petites entreprises, en évoquant par exemple la formation de milliers de fondatrices sud-africaines aux compétences numériques et l’accompagnement des PME du secteur touristique.

Cette période n’est pas exempte de controverses. En février 2019, lors d’un rassemblement de l’ANC au Cap-Oriental, elle est filmée en train d’empêcher des journalistes de la télévision publique (SABC) de couvrir une manifestation de protestation ayant interrompu le discours d’un dirigeant du parti. Critiquée pour cette atteinte à la liberté de la presse, elle présente des excuses publiques.

En avril 2020, au début du confinement strict décrété pour lutter contre la pandémie de Covid-19, une photo publiée sur Instagram la montre attablée à un déjeuner privé, en contradiction manifeste avec les règles de distanciation en vigueur. L’affaire suscite une forte réaction de l’opinion. Le président Ramaphosa la sanctionne en la suspendant du gouvernement pendant deux mois, dont un sans salaire. Elle présente des excuses publiques et reconnaît que son comportement a été inapproprié.

Malgré ces épisodes, elle demeure dans le cercle rapproché des dirigeants de l’ANC et conserve un rôle politique majeur. Son transfert, en août 2021, du portefeuille de la Communication vers celui du Small Business Development marque une nouvelle étape dans sa carrière, la plaçant au cœur d’un secteur considéré comme vital pour l’emploi et la cohésion sociale.

À la tête du Small Business Development : ambitions et chantiers

Le 5 août 2021, lors d’un remaniement du cabinet, le président Cyril Ramaphosa nomme Stella Ndabeni-Abrahams ministre du Small Business Development. Elle succède à Khumbudzo Ntshavheni, qui reprend en échange le ministère des Communications et des Technologies numériques.

Le ministère du Small Business Development a été créé en 2014, avec pour mission de promouvoir les petites entreprises et les coopératives, notamment en améliorant l’accès au financement, à l’accompagnement, aux marchés publics et à un environnement réglementaire plus favorable. Dans un pays où le chômage, particulièrement chez les jeunes, reste très élevé, le développement des « small businesses » est présenté comme un pilier de la stratégie de croissance et de transformation économique.

Dès sa prise de fonctions, la nouvelle ministre insiste sur plusieurs priorités : faciliter la création et la formalisation des petites entreprises, réduire la « paperasserie » administrative qui entrave leur développement, et favoriser un meilleur accès aux marchés publics pour les micro-entreprises, les coopératives et les entrepreneurs issus des communautés historiquement défavorisées.

Sur le plan stratégique, son ministère publie en 2022 le National Integrated Small Enterprise Development Plan, un plan décennal visant à fournir un cadre cohérent aux interventions en faveur des petites entreprises. Ce document établit des axes de travail autour de l’accès aux financements, de l’appui non financier (formation, mentorat, services de développement des entreprises), du développement des marchés, et de la réforme du cadre législatif et réglementaire.

Dans la pratique, une partie importante de son action concerne les très petites entreprises de l’économie de proximité : spaza shops, commerces de township, micro-restaurants, salons de coiffure, ateliers de réparation ou de couture. En 2025, elle annonce par exemple la mise en place d’un fonds de 500 millions de rands destiné à soutenir ces commerces, en particulier les spaza shops et les magasins d’alimentation de proximité, avec des aides directes et un accompagnement pour les relier à des centrales d’achat, renforcer leurs capacités de gestion et améliorer leur compétitivité face aux grandes surfaces.

Elle insiste également sur la nécessité d’accompagner les entrepreneurs dans la mise en conformité sanitaire, notamment à la suite de cas de contaminations alimentaires ayant fait la une de l’actualité. Dans ce contexte, son discours combine soutien financier et exigences strictes en matière de respect des normes, allant jusqu’à rappeler publiquement que les commerces ne respectant pas la réglementation peuvent être fermés, quelle que soit la nationalité de leurs propriétaires.

L’un des dossiers les plus emblématiques de son mandat est la réforme législative autour des petites entreprises. L’adoption de la loi dite Small Enterprise Act est présentée par le gouvernement comme un instrument destiné à rationaliser le cadre réglementaire et à faciliter la création d’entreprises. La ministre salue la signature de ce texte en 2024 en expliquant qu’il s’agit d’un pas important pour créer un environnement plus favorable aux petites structures, notamment en clarifiant les catégories d’entreprises et en adaptant certaines obligations.

Parallèlement, son ministère se prépare à accueillir, en 2025, une réunion globale des ministres responsables des PME (Global SME Ministerial Meeting), organisée avec le Centre du commerce international (ITC). L’événement, prévu à Durban, doit rassembler des responsables politiques, des experts et des entrepreneurs autour de trois thèmes : transformation numérique, accès au financement et transition écologique des petites entreprises. L’objectif affiché est d’inscrire la question des PME à l’agenda économique international à un moment où l’Afrique du Sud assure la présidence du G20.

Au-delà des annonces, la question récurrente demeure celle de l’impact réel de ces politiques sur la vie quotidienne des entrepreneurs et sur le volume d’emplois créés. C’est sur ce terrain concret que la ministre est attendue.

Entre volontarisme politique, critiques et controverses persistantes

Comme nombre de ministres sud-africains en charge de portefeuilles économiques, Stella Ndabeni-Abrahams se trouve au centre d’un débat récurrent : l’appareil réglementaire élaboré par l’État contribue-t-il à libérer le potentiel des petites entreprises ou, au contraire, à le contraindre par une multiplication de normes et d’autorisations ?

Une partie de l’opposition politique, notamment le Democratic Alliance (DA), accuse son ministère de renforcer la lourdeur administrative au lieu de la réduire. En 2025, le DA lui demande publiquement de retirer un projet de Business Licensing Bill, estimant que ce texte imposerait des licences à pratiquement tous les types d’activités, y compris des vendeurs de rue ou des petits commerçants informels, au risque de freiner la création d’emplois et d’alourdir les coûts pour les plus pauvres.

Aux yeux de ses critiques, la volonté affichée de mieux réglementer les petites entreprises et de lutter contre les pratiques illégales se traduit par des textes jugés trop complexes pour les micro-entrepreneurs, qui peinent déjà à se repérer dans la jungle administrative. Certains éditorialistes s’interrogent sur la capacité du ministère à réellement « couper dans la paperasserie », soulignant que de nouvelles lois risquent d’ajouter des couches de contraintes là où le besoin principal serait une simplification radicale.

Les évaluations annuelles des membres du cabinet, publiées par des médias comme News24, illustrent cette ambivalence. En 2022, la ministre reçoit une note jugée moyenne, les observateurs reconnaissant des efforts de structuration de la politique en faveur des PME mais pointant des résultats encore limités dans la création d’emplois et la transformation de l’environnement des affaires.

En 2024, ces analyses soulignent la montée en puissance de certains programmes, l’augmentation des fonds destinés aux petites entreprises, mais aussi la lenteur des réformes structurelles et les difficultés persistantes d’accès au financement, en particulier pour les entrepreneurs des townships et des zones rurales. Les critiques rappellent que l’essentiel de la croissance de l’emploi attendue dans le cadre du Plan national de développement dépend précisément de la capacité des petites entreprises à se développer rapidement, ce qui ne se concrétise pas encore à grande échelle.

Par ailleurs, les controverses antérieures, liées à son comportement durant la période de confinement ou à ses relations parfois tendues avec les médias, ont laissé des traces dans l’opinion publique. Pour certains, ces épisodes nourrissent l’image d’une dirigeante qui ne respecte pas toujours les règles qu’elle contribue à élaborer. Pour d’autres, il s’agit d’erreurs reconnues et sanctionnées, qui ne doivent pas occulter l’ensemble de son action.

Face aux critiques, la ministre défend régulièrement sa vision en insistant sur l’ampleur de la tâche. Dans un pays où une partie importante de l’économie fonctionne de manière informelle, la régulation du secteur et son soutien financier passent, selon elle, par des mécanismes plus clairs et par l’exigence de conformité. L’enjeu est de protéger les consommateurs, de garantir des standards de qualité et de sécurité, tout en créant un environnement propice à l’entrepreneuriat.

Une figure de l’ANC entre base militante et responsabilités nationales

Au-delà de sa fonction gouvernementale, Stella Ndabeni-Abrahams occupe également une place importante dans les structures internes de l’ANC. Elle siège au Comité exécutif national (National Executive Committee, NEC) du parti, ainsi qu’au National Working Committee, l’organe chargé du suivi quotidien des décisions du NEC. Elle est également membre de plusieurs comités internes, notamment celui chargé de la transformation économique et celui dédié aux interventions auprès des collectivités locales.

En mai 2022, elle est réélue au comité exécutif provincial de l’ANC du Cap-Oriental, se classant parmi les membres les plus soutenus lors du vote. En décembre de la même année, au 55ᵉ congrès national de l’ANC, elle fait partie des 80 membres élus au NEC pour un mandat de cinq ans, figurant dans la partie la mieux placée de la liste en nombre de voix.

Cette présence à la fois dans les structures provinciales et nationales contribue à faire d’elle une figure politique influente, capable de relayer les préoccupations des militants de base, en particulier dans sa province d’origine, tout en participant aux décisions stratégiques du parti au niveau national. Son profil, qui combine jeunesse relative par rapport à certains vétérans, engagement en faveur de la transformation numérique et responsabilité sur un portefeuille clé pour l’emploi, en fait l’une des personnalités présentées comme emblématiques de la génération montante au sein de l’ANC.

La ministre cultive également une image de défenseuse de l’entrepreneuriat féminin et de la participation des jeunes à l’économie. Lors de forums et de rencontres publiques, elle met fréquemment en avant les succès de jeunes entrepreneures formées aux outils numériques et accompagnées par des programmes publics ou des partenariats avec des entreprises technologiques.

Cette dimension de promotion des femmes et des jeunes rejoint un enjeu plus large pour l’ANC : démontrer que le parti, malgré ses difficultés internes et les critiques liées à la corruption et à la gestion des services publics, reste capable de porter un projet de transformation sociale et économique répondant aux aspirations de la nouvelle génération.

Un ministère stratégique au cœur des défis économiques sud-africains

Le portefeuille du Small Business Development, souvent moins médiatisé que ceux des Finances ou du Commerce, occupe pourtant une place stratégique dans l’architecture gouvernementale sud-africaine. Il est chargé de mettre en musique l’idée, largement partagée par les économistes et les institutions internationales, selon laquelle la croissance inclusive passera par un tissu dense de petites et moyennes entreprises, capables de créer des emplois à grande échelle.

Sous la responsabilité de Stella Ndabeni-Abrahams, ce ministère se voit confier la tâche de décliner cette vision en programmes concrets : fonds de soutien aux micro-entreprises, dispositifs d’accompagnement pour les start-up innovantes, programmes de formalisation de l’économie informelle, simplification des procédures de création d’entreprise, ou encore promotion d’écosystèmes locaux de petites activités économiques autour des grandes villes et dans les zones rurales.

Les enjeux sont considérables. L’Afrique du Sud fait face à un chômage structurel très élevé, en particulier chez les jeunes, et à une croissance souvent insuffisante pour absorber l’augmentation de la population active. Le gouvernement compte sur l’essor des petites entreprises pour créer des opportunités là où les grandes entreprises et le secteur public ne suffisent plus.

Dans cette perspective, la question de la « red tape », la paperasserie, est centrale. D’un côté, l’État souhaite assurer la conformité fiscale, sanitaire et sociale des entreprises. De l’autre, les entrepreneurs réclament une simplification radicale des démarches et une réduction des coûts administratifs qui pèsent, proportionnellement, beaucoup plus sur une micro-entreprise que sur une grande société. La ministre est donc au cœur d’un équilibre délicat entre protection des consommateurs et des travailleurs, d’un côté, et allègement des obligations qui freinent la création d’activité, de l’autre.

Les prochaines années devraient constituer un test décisif pour savoir si les plans et les réformes portés par Stella Ndabeni-Abrahams se traduisent par des résultats visibles : hausse du nombre de petites entreprises formalisées, augmentation des emplois créés par ce secteur, amélioration de l’accès au financement et aux marchés, réduction de la pauvreté dans les quartiers populaires et les zones rurales.

Dans ce contexte, la ministre apparaît comme une figure à la fois emblématique et contestée de la politique sud-africaine contemporaine. Emblématique, parce qu’elle incarne l’espoir d’une économie plus inclusive, où les technologies numériques et l’entrepreneuriat de proximité deviennent des vecteurs de transformation. Contestée, parce que les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus restent au cœur de vifs débats, dans un pays où les inégalités et le chômage demeurent parmi les plus élevés du monde.

À travers le parcours de Stella Tembisa Ndabeni-Abrahams, c’est finalement la trajectoire d’une démocratie encore jeune qui se dessine : celle d’un pays cherchant à concilier justice sociale, modernisation économique et ancrage dans l’économie numérique mondiale, tout en s’appuyant sur la vitalité de millions de petites entreprises pour tenter de « se sortir de la pauvreté », selon l’expression qu’elle a un jour utilisée à propos du rôle des technologies.

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