L’Institut halieutique et des sciences marines (IHSM) de l’université de Toliara vient de franchir un nouveau cap dans la reconnaissance internationale de la recherche scientifique malgache. Le docteur Henitsoa Jaonalison, chercheur au sein de cette institution, a été nommé membre du Comité directeur international de l’Indo-Pacific Fish Conference (IPFC) pour la période 2025-2029. Lauréat du prestigieux Prix Wiomsa du Scientifique émergent 2025, il devient le seul représentant africain parmi les quinze membres du comité. Cette nomination, au-delà de l’honneur individuel, symbolise une avancée majeure pour la visibilité de Madagascar et du continent africain dans le domaine des sciences marines et halieutiques.
Une nomination qui consacre l’excellence scientifique malgache
L’annonce de la nomination du docteur Henitsoa Jaonalison au sein du Comité directeur international de l’Indo-Pacific Fish Conference a suscité un vif enthousiasme au sein de la communauté scientifique malgache. Pour l’université de Toliara, et plus particulièrement pour l’Institut halieutique et des sciences marines (IHSM), il s’agit d’une reconnaissance internationale qui vient récompenser plusieurs décennies d’efforts en matière de recherche, de formation et de coopération scientifique.
Créée dans les années 1970, l’IHSM a toujours joué un rôle central dans le développement de la recherche sur les ressources marines à Madagascar. Situé à Toliara, sur la côte sud-ouest de l’île, l’institut bénéficie d’une position géographique stratégique : il se trouve au cœur d’une zone maritime d’une richesse exceptionnelle, où les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers marins forment un écosystème complexe et vital pour la biodiversité mondiale.
Le docteur Jaonalison, spécialiste des écosystèmes côtiers et de la gestion durable des pêches, incarne une nouvelle génération de chercheurs africains engagés dans la science appliquée à la conservation et au développement durable. Sa nomination au sein de l’IPFC témoigne du niveau d’expertise désormais atteint par les chercheurs malgaches dans un domaine longtemps dominé par les grandes institutions océanographiques d’Asie, d’Europe ou d’Amérique du Nord.
Au-delà de la distinction personnelle, cette reconnaissance traduit un changement de paradigme : l’Afrique n’est plus uniquement un terrain d’étude, mais un acteur à part entière dans la production de connaissances scientifiques mondiales.
L’Indo-Pacific Fish Conference : une instance stratégique pour la recherche halieutique mondiale
L’Indo-Pacific Fish Conference (IPFC) occupe une place majeure dans le monde de la recherche halieutique. Organisée tous les quatre ans, elle réunit des centaines de chercheurs, d’enseignants, de gestionnaires et de décideurs politiques issus de plus de cinquante pays. L’objectif est d’échanger sur les avancées scientifiques et les stratégies de gestion durable des ressources halieutiques dans une zone couvrant le vaste espace indo-pacifique, qui s’étend de la côte est de l’Afrique jusqu’aux archipels du Pacifique.
Depuis sa création, l’IPFC est devenue une plateforme incontournable pour la diffusion de la recherche marine et pour la coordination des efforts en matière de conservation. Le comité directeur international, dont fait désormais partie le docteur Jaonalison, joue un rôle essentiel dans l’orientation des priorités scientifiques et dans l’organisation des conférences successives.
Ce comité regroupe des experts issus de différents horizons disciplinaires : ichtyologie, écologie marine, biologie évolutive, gestion des pêches, océanographie ou encore politiques environnementales. La présence d’un chercheur malgache dans ce cercle restreint marque un tournant symbolique pour la représentation de l’Afrique dans la gouvernance scientifique mondiale.
L’IPFC, en plus d’être un forum scientifique, constitue également un espace d’influence diplomatique et stratégique. Les recommandations issues de ses travaux contribuent à façonner les politiques de gestion des pêches et de protection de la biodiversité marine à l’échelle internationale. Dans ce contexte, la voix de Madagascar, portée par le docteur Jaonalison, aura un poids inédit dans les discussions à venir.
Le parcours d’un chercheur engagé pour la mer et les communautés côtières
Natif de Madagascar, le docteur Henitsoa Jaonalison s’est distingué très tôt par son intérêt pour les sciences marines et la conservation des milieux aquatiques. Après des études brillantes à l’IHSM, il a poursuivi des recherches doctorales sur les dynamiques écologiques des récifs coralliens et les interactions entre les activités humaines et les écosystèmes marins. Ses travaux, fondés sur une approche interdisciplinaire, associent sciences naturelles, socio-économie et politiques publiques.
Reconnu pour ses publications dans des revues internationales, le chercheur s’est notamment intéressé aux impacts du changement climatique sur la biodiversité marine, à la résilience des communautés de pêcheurs face à la dégradation des habitats côtiers et à la mise en place de modèles de gestion participative des ressources marines.
Le Prix Wiomsa du Scientifique émergent 2025, décerné par l’Association des sciences marines de l’océan Indien occidental (Western Indian Ocean Marine Science Association), est venu récompenser l’ensemble de ses contributions à la recherche et à la formation scientifique. Ce prix, l’un des plus prestigieux du continent dans le domaine marin, distingue les chercheurs prometteurs dont les travaux ont un impact concret sur la conservation et le développement durable.
À travers ses activités, le docteur Jaonalison s’attache à renforcer le lien entre science et société. Il milite pour une science accessible, tournée vers les besoins des communautés côtières, et fondée sur la co-construction des savoirs. Pour lui, la préservation de la biodiversité marine ne peut être dissociée de la lutte contre la pauvreté et de la valorisation des ressources locales.
Son engagement dépasse le cadre académique : il participe à de nombreux programmes de formation, collabore avec des ONG environnementales et contribue à sensibiliser les jeunes générations aux enjeux marins. Son parcours illustre l’émergence d’une élite scientifique africaine consciente de sa responsabilité envers la planète et les populations locales.
Une avancée stratégique pour Madagascar et l’Afrique dans la gouvernance scientifique
La nomination du docteur Henitsoa Jaonalison revêt une importance particulière pour Madagascar, mais également pour l’ensemble du continent africain. Elle confirme que les chercheurs africains peuvent occuper des postes de responsabilité dans les grandes instances internationales et influencer la définition des priorités scientifiques à l’échelle mondiale.
Madagascar, souvent présenté comme un « hotspot » de biodiversité, abrite des écosystèmes marins d’une valeur inestimable. Ses récifs coralliens, parmi les plus vastes de l’océan Indien, abritent des milliers d’espèces de poissons et de coraux, dont certaines sont endémiques. Cependant, cette richesse naturelle est aujourd’hui menacée par la surpêche, la pollution, la déforestation côtière et les effets du changement climatique.
Dans ce contexte, la présence d’un représentant malgache au sein du comité directeur de l’IPFC offre une opportunité stratégique : elle permettra de mieux faire entendre la voix des pays du Sud, souvent confrontés à des défis spécifiques en matière de gestion durable des ressources. Les discussions menées au sein du comité pourront désormais intégrer davantage les réalités des États insulaires et des communautés côtières vulnérables.
Par ailleurs, cette nomination ouvre la perspective d’une future organisation de la conférence IPFC dans la région de l’océan Indien occidental. Un tel événement constituerait une vitrine exceptionnelle pour la recherche régionale et favoriserait la coopération scientifique entre les universités, les centres de recherche et les gouvernements de la zone.
Pour Madagascar, cela signifierait également un rayonnement international accru, un renforcement des partenariats et un accès facilité aux financements internationaux. L’IHSM, en tant qu’institution hôte potentielle, pourrait ainsi consolider son rôle de pôle d’excellence pour la recherche marine dans l’océan Indien.
Vers une nouvelle ère de collaboration scientifique régionale
La présence du docteur Jaonalison au sein du comité de l’IPFC intervient à un moment charnière pour la science marine mondiale. Les défis auxquels sont confrontés les écosystèmes marins indo-pacifiques exigent une coopération renforcée entre les pays riverains. Les pressions anthropiques — surexploitation, pollution plastique, urbanisation côtière, dégradation des habitats — menacent l’équilibre écologique de vastes zones océaniques.
Dans ce contexte, la conférence IPFC joue un rôle moteur pour encourager les échanges de données, la mutualisation des connaissances et la coordination des politiques publiques. Madagascar, grâce à ses chercheurs et à ses institutions, peut y apporter une contribution décisive.
Le docteur Jaonalison s’est d’ailleurs déjà engagé à promouvoir une approche collaborative fondée sur la recherche partagée et l’ouverture des données scientifiques. Selon lui, les problématiques marines dépassent les frontières nationales et nécessitent des réponses collectives. L’avenir de la biodiversité marine de l’océan Indien dépendra de la capacité des pays de la région à unir leurs efforts, à partager leurs expertises et à définir des stratégies communes.
Cette dynamique régionale pourrait notamment renforcer les projets de recherche conjoints entre Madagascar, le Mozambique, les Comores, les Seychelles et Maurice, dans le cadre des initiatives soutenues par la Wiomsa ou d’autres organismes régionaux. L’idée est de développer des programmes intégrés alliant sciences de la mer, économie bleue et développement durable.
Par ailleurs, la collaboration scientifique ne se limite plus aux chercheurs : elle s’étend aux acteurs locaux, aux pêcheurs artisanaux, aux associations communautaires et aux décideurs publics. Le modèle défendu par le docteur Jaonalison repose sur une science participative, qui valorise les savoirs traditionnels et les associe à la recherche académique.
Un symbole d’espoir pour la jeunesse scientifique africaine
Au-delà de sa portée institutionnelle, la nomination du docteur Jaonalison revêt une dimension profondément humaine et inspirante. Elle envoie un message fort à la jeunesse malgache et africaine : il est possible de s’imposer sur la scène scientifique mondiale tout en restant ancré dans son territoire d’origine.
Dans un contexte où les inégalités d’accès aux ressources, aux financements et aux infrastructures demeurent importantes, le parcours du chercheur malgache prouve que la passion, la rigueur et la persévérance peuvent transcender les obstacles.
Son succès illustre également la montée en puissance des universités africaines, qui investissent de plus en plus dans la recherche et la formation scientifique. À l’IHSM, de nombreux étudiants suivent aujourd’hui ses traces, motivés par la perspective de contribuer, à leur tour, à la sauvegarde des ressources marines et au développement durable du pays.
La visibilité internationale acquise grâce à cette nomination pourrait également attirer de nouveaux partenariats éducatifs, favoriser les échanges de chercheurs et permettre à de jeunes doctorants malgaches d’accéder à des programmes de mobilité scientifique. En ce sens, l’impact de cette reconnaissance dépasse largement le cadre individuel : elle s’inscrit dans une dynamique collective de valorisation du potentiel africain.
Une reconnaissance internationale porteuse d’avenir
L’entrée du docteur Henitsoa Jaonalison au Comité directeur international de l’Indo-Pacific Fish Conference représente bien plus qu’un honneur personnel. Elle incarne l’espoir d’un rééquilibrage du paysage scientifique mondial, où les chercheurs du Sud prennent pleinement part aux décisions qui orientent la recherche et les politiques de conservation.
Pour Madagascar, cette distinction ouvre une ère nouvelle : celle d’une présence affirmée sur la scène scientifique internationale, mais aussi celle d’une responsabilité accrue. Les défis sont immenses — de la préservation des récifs coralliens à la lutte contre la surpêche — mais la mobilisation des chercheurs, des institutions et des communautés locales laisse entrevoir un avenir prometteur.
À travers cette nomination, c’est toute la recherche malgache qui se voit honorée, et plus largement, c’est l’Afrique qui affirme sa place dans le concert scientifique mondial. En portant la voix des écosystèmes et des populations de l’océan Indien, le docteur Jaonalison devient un ambassadeur de la science durable, de la coopération régionale et d’une vision humaniste de la recherche.
Son parcours rappelle que la connaissance est une force universelle, et que lorsque la passion se conjugue à la rigueur, les frontières s’effacent au profit d’un engagement commun pour la planète bleue.



