Le rêve des Barea de Madagascar de participer pour la première fois à une phase finale de Coupe du monde s’est brutalement envolé. En s’inclinant lourdement sur le score de 1 à 4 face au Mali, au stade du 26 Mars à Bamako, la sélection malgache a mis un terme à sa campagne des éliminatoires du Mondial 2026. Une défaite amère qui compromet sérieusement ses chances de figurer parmi les quatre meilleures équipes classées deuxièmes, seules encore éligibles pour un éventuel repêchage. Alors que le Ghana a validé son billet pour le tournoi mondial, les Barea, eux, voient leurs espoirs se dissoudre dans la chaleur de Bamako et la dure réalité du football de haut niveau.
Un match décisif transformé en cauchemar pour les Barea
L’affiche était pourtant chargée d’enjeux et d’espoir. Face au Mali, une équipe solidement installée dans le top 10 du football africain, Madagascar devait impérativement obtenir un résultat positif pour espérer poursuivre l’aventure vers la Coupe du monde 2026. La mission s’annonçait difficile, mais pas impossible. Les supporters malgaches y croyaient, galvanisés par les performances encourageantes des Barea lors des précédents matchs de groupe.
Mais dès le coup d’envoi, la supériorité des Aigles maliens s’est imposée. Physiquement puissants, techniquement à l’aise et tactiquement bien en place, les hommes du sélectionneur malien ont rapidement pris l’ascendant. La défense malgache, pourtant solide lors des rencontres précédentes, a souffert face à la rapidité et à la précision du jeu malien. Après une première demi-heure équilibrée, le Mali a ouvert le score sur une frappe lointaine imparable, avant de doubler la mise sur une erreur de marquage.
Les Barea ont bien tenté de réagir, réduisant le score par une belle réalisation sur coup de pied arrêté, symbole d’une volonté intacte. Cependant, leurs espoirs de remontée se sont vite éteints lorsque le Mali a inscrit deux nouveaux buts en seconde période, profitant de la fatigue et des erreurs défensives malgaches. Au coup de sifflet final, le tableau d’affichage affichait un lourd 4 à 1, sanction d’un match où Madagascar n’aura jamais vraiment trouvé son rythme.
Cette défaite, au-delà du score, met en évidence les limites tactiques et physiques de la sélection nationale face à des équipes africaines mieux structurées et plus expérimentées. Le rêve mondialiste des Barea, qui avait soulevé tant d’espoir dans la Grande Île, se termine sur une note douloureuse.
Une campagne d’éliminatoires contrastée entre espoirs et regrets
Le parcours de Madagascar dans ces éliminatoires aura été un mélange d’exploits et de frustrations. Dès le début, les Barea avaient montré un visage conquérant, remportant plusieurs matchs importants et se positionnant comme un sérieux outsider dans leur groupe. Leur cohésion, leur solidarité et leur envie de représenter dignement le pays avaient séduit les observateurs africains.
Cependant, quelques contre-performances clés ont fini par peser lourd dans la balance. Des matchs nuls concédés à domicile, des occasions manquées face à des adversaires abordables et une défaite évitable face au Ghana avaient déjà fragilisé les chances de qualification. La rencontre face au Mali devait être celle de la rédemption ; elle aura finalement été celle de la désillusion.
Sur le plan statistique, Madagascar termine à la deuxième place de son groupe derrière le Ghana, mais ce classement ne garantit rien. En Afrique, seuls les premiers de chaque groupe obtiennent un billet direct pour la Coupe du monde. Les quatre meilleures deuxièmes peuvent espérer un repêchage, mais la défaite face au Mali et les incertitudes autour du règlement de la FIFA risquent de condamner la Grande Île à une élimination précoce.
Le sélectionneur national, interrogé à la fin du match, a reconnu la supériorité de l’adversaire tout en saluant l’engagement de ses joueurs : « Le Mali a été plus fort, plus lucide. Nous avons manqué d’efficacité et de concentration dans les moments clés. Mais je suis fier du parcours accompli. » Des mots empreints de déception mais aussi de dignité, à l’image d’une équipe qui, malgré ses lacunes, a su faire vibrer tout un peuple.
Le couperet du règlement : un scénario qui se complique
À la douleur de la défaite s’ajoute désormais une menace administrative. En effet, la Fédération internationale de football association (FIFA) et la Confédération africaine de football (CAF) doivent encore officialiser une règle exceptionnelle annoncée en mars dernier, à la suite du retrait de l’Érythrée de la compétition. Cette disposition, si elle est appliquée, pourrait priver Madagascar de six précieux points obtenus contre le Tchad, dernier du groupe I.
Le retrait de ces points serait catastrophique pour les Barea, les reléguant automatiquement hors course pour le repêchage. Déjà quatrième au classement des meilleurs deuxièmes, la sélection malgache pourrait être dépassée par des équipes comme le Cameroun ou l’Ouganda, qui disposent encore d’un match à jouer.
Cette situation alimente la frustration des supporters et des observateurs, qui estiment que Madagascar paie un lourd tribut pour des décisions administratives indépendantes de sa volonté. Les réseaux sociaux se sont rapidement enflammés, entre colère et tristesse. Certains y voient une injustice, d’autres un simple rappel de la rigueur des compétitions internationales.
Le président de la Fédération malgache de football a, pour sa part, appelé au calme : « Nous attendons la confirmation officielle de la FIFA avant de tirer des conclusions. Quelle que soit la décision, nous devons rester unis et préparer l’avenir. » Une déclaration prudente, mais qui ne dissipe pas les inquiétudes. Si la sanction est confirmée, Madagascar devra se résoudre à regarder le Mondial 2026 depuis les tribunes.
Les enseignements d’une campagne et les défis à venir
Malgré la déception, cette campagne de qualification laisse entrevoir des motifs d’espoir pour l’avenir du football malgache. Les Barea ont montré, à plusieurs reprises, qu’ils pouvaient rivaliser avec certaines grandes nations africaines. Leur jeu collectif, leur combativité et leur discipline tactique ont été salués par de nombreux observateurs.
Cependant, cette élimination met en lumière plusieurs faiblesses structurelles qui devront être corrigées si Madagascar veut franchir un cap sur la scène internationale. Le manque d’expérience dans les grands rendez-vous, la fragilité défensive et l’insuffisance de la préparation physique ont souvent coûté cher. De plus, le championnat national, encore en phase de développement, peine à fournir un vivier de joueurs suffisamment compétitifs pour rivaliser avec les puissances africaines.
Pour progresser, le football malgache devra investir davantage dans la formation, l’encadrement technique et les infrastructures. Le renforcement des centres de formation, la professionnalisation du championnat et la multiplication des matchs amicaux internationaux figurent parmi les priorités. L’objectif : bâtir une équipe capable de s’imposer durablement dans le concert des grandes nations africaines.
Sur le plan psychologique, les Barea devront également apprendre à gérer la pression. Les attentes du public, nourries par les succès passés — notamment la belle épopée à la Coupe d’Afrique des Nations 2019 —, sont immenses. Cette défaite au Mali doit servir de leçon, non comme un échec définitif, mais comme une étape nécessaire dans le processus de maturation de la sélection nationale.
Le Ghana qualifié, Madagascar dans l’attente d’un miracle
Pendant que les Barea tentaient de sauver leurs derniers espoirs à Bamako, le Ghana assurait sa qualification en dominant son groupe avec autorité. Les Black Stars rejoignent ainsi le Maroc, l’Égypte, l’Algérie et la Tunisie, déjà qualifiés pour la Coupe du monde 2026. Ce résultat confirme la montée en puissance des grandes nations africaines et l’écart qui persiste encore entre elles et les équipes émergentes comme Madagascar.
Pour les Barea, la deuxième place du groupe n’est qu’une maigre consolation. Tout dépend désormais des résultats des autres groupes et des éventuelles décisions de la FIFA. Le Cameroun et l’Ouganda, encore en lice, pourraient faire basculer le destin de Madagascar. Un scénario incertain qui maintient le suspense, mais dont l’issue semble de plus en plus défavorable à la sélection malgache.
Cette attente a un goût amer pour les joueurs comme pour les supporters. Après des mois d’efforts, de voyages, de stages et de sacrifices, voir les espoirs de qualification s’évanouir à cause d’un match raté et d’un règlement administratif est une épreuve difficile. Cependant, la passion du football à Madagascar reste intacte. Dans les rues d’Antananarivo, les discussions se poursuivent, entre analyses, critiques et encouragements.
Beaucoup reconnaissent que le chemin parcouru est déjà honorable. Pour un pays dont le football professionnel est encore jeune, parvenir à jouer la qualification jusqu’à la dernière journée est une performance en soi. Ce parcours témoigne de la progression du football malgache et de la volonté des Barea de s’imposer sur la scène africaine.
Une défaite qui doit servir de leçon pour l’avenir
La lourde défaite face au Mali marque la fin d’un cycle et le début d’une réflexion en profondeur sur l’avenir du football malgache. Si la Coupe du monde 2026 s’éloigne, d’autres compétitions se profilent, notamment la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Cette échéance doit servir de point de départ à une nouvelle dynamique, plus structurée, plus ambitieuse et mieux préparée.
Les observateurs du football africain s’accordent à dire que Madagascar possède un potentiel réel, mais encore sous-exploité. Les joueurs malgaches, souvent talentueux mais dispersés entre différents clubs étrangers, ont besoin d’un encadrement solide et d’une préparation adaptée. Le défi est autant organisationnel que sportif.
La Fédération malgache de football, le staff technique et les autorités doivent travailler main dans la main pour bâtir un projet à long terme. Ce projet devra reposer sur trois piliers : la formation des jeunes talents, l’amélioration des infrastructures et la mise en place d’une politique de détection efficace sur tout le territoire.
Au-delà des aspects techniques, cette élimination doit aussi renforcer la cohésion nationale autour des Barea. Le football, à Madagascar, reste un vecteur de fierté et d’unité. Chaque match de la sélection rassemble des millions de Malgaches, au-delà des clivages sociaux et politiques. Cet attachement populaire constitue un atout majeur sur lequel il faudra s’appuyer pour continuer à avancer.
Conclusion : la fin d’un rêve, mais pas celle d’une ambition
La défaite face au Mali restera comme une page sombre de la campagne des éliminatoires du Mondial 2026 pour Madagascar. Mais elle ne doit pas faire oublier le chemin parcouru, ni éteindre les ambitions d’un pays amoureux de football. Les Barea ont montré du caractère, du courage et une progression certaine sur la scène africaine.
Le rêve mondialiste s’éloigne, certes, mais la flamme reste vive. Cette expérience douloureuse doit servir de fondation à une nouvelle ère pour le football malgache. L’objectif n’est pas seulement de participer, mais de bâtir une équipe capable de rivaliser, de gagner et de faire rayonner la Grande Île au-delà de ses frontières.
Madagascar devra tirer les leçons de cette défaite, investir dans l’avenir et croire en son potentiel. Car dans le football, comme dans la vie, chaque échec porte en lui les germes de la réussite. Les Barea n’iront peut-être pas au Mondial 2026, mais leur aventure continue, plus forte et plus déterminée que jamais.



