La politique sud-africaine est souvent dominée par quelques grandes figures masculines, longtemps issues de la génération de la lutte contre l’apartheid. Pourtant, depuis plusieurs années, une nouvelle génération de responsables remonte progressivement vers le centre du pouvoir à Pretoria. Parmi eux, Khumbudzo Phophi Silence Ntshavheni, aujourd’hui ministre à la Présidence, occupe une place singulière.
Née en 1977 à Sibasa, dans la province du Limpopo, entrepreneuse de formation, passée par l’administration publique et la haute fonction publique, cette membre du Congrès national africain (ANC) incarne à la fois la continuité du parti historique et la volonté de moderniser un État confronté à de profondes crises sociales, économiques et sécuritaires.
Depuis le 6 mars 2023, Khumbudzo Ntshavheni est officiellement ministre à la Présidence, un poste stratégique qui la place au plus près du chef de l’État, Cyril Ramaphosa. Elle y supervise notamment les dossiers de la sécurité de l’État, de la communication gouvernementale, des statistiques nationales et, plus largement, la coordination politique de plusieurs organes clés rattachés à la Présidence.
Son ascension n’est ni un accident ni une pure manœuvre d’appareil. Avant d’intégrer le gouvernement, elle a été militante de la jeunesse de l’ANC, gestionnaire dans l’administration provinciale du Limpopo, responsable municipale, puis dirigeante dans le secteur stratégique des technologies de l’information de l’État. Elle a ensuite occupé successivement deux portefeuilles ministériels – le Développement des petites entreprises, puis les Communications et Technologies numériques – avant d’entrer à la Présidence.
À travers son parcours se lit une trajectoire typique d’une technocrate politique sud-africaine, mais aussi la complexité d’un pouvoir qui tente de se réformer sous la pression des scandales de corruption, de la défiance citoyenne et des défis liés à la sécurité, au numérique et à la gouvernance. Portrait d’une ministre qui, en quelques années, s’est imposée comme l’une des figures les plus influentes de l’entourage de Cyril Ramaphosa.
Des origines modestes à une formation académique solide
Khumbudzo Phophi Silence Ntshavheni voit le jour le 30 janvier 1977 à Sibasa, une petite localité de la province de Limpopo, au nord de l’Afrique du Sud. Elle grandit dans un environnement modeste, marqué par les contraintes économiques et sociales qui touchent de nombreux foyers noirs durant les dernières années de l’apartheid.
Scolarisée à Mbilwi Secondary School, un établissement public de la région connu pour ses bons résultats, elle s’y distingue suffisamment pour poursuivre un parcours universitaire complet. Mbilwi Secondary est régulièrement cité comme l’un des lycées publics les plus performants du pays, notamment dans les matières scientifiques, ce qui contribue à faire de la réussite scolaire de ses élèves un enjeu local fort.
Après le baccalauréat, elle rejoint le Rand Afrikaans University, désormais intégré à l’Université de Johannesburg. Elle y étudie les sciences politiques, tout en suivant deux cursus de troisième cycle en études du développement et en relations du travail. Ce cumul de diplômes, dans un établissement historiquement associé à la population afrikaner, illustre déjà sa capacité à naviguer entre différents univers sociaux et politiques dans une Afrique du Sud en transition.
Soucieuse de compléter son profil par une formation en gestion, elle poursuit un Master of Business Administration (MBA) à l’Université de Bradford, au Royaume-Uni. Le MBA, obtenu en 2008, devient un élément central de son profil professionnel et politique : il la présente comme une responsable capable de comprendre à la fois les logiques économiques, les enjeux de management public et les impératifs de réforme de l’État.
Cette combinaison d’ancrage local – une enfant de Limpopo – et de formation internationale joue un rôle important dans sa trajectoire. Elle lui permet de parler à la fois au monde des affaires, à l’administration et à la base militante de l’ANC, qui voit en elle une femme issue des communautés rurales mais habituée aux centres de décision nationaux et étrangers.
Si peu d’éléments publics circulent sur sa vie familiale, les sources officielles indiquent qu’elle est mère de famille, un aspect qu’elle évoque parfois pour souligner l’importance des politiques publiques destinées aux ménages et aux jeunes générations dans un pays où les inégalités restent particulièrement fortes.
Une militante de l’ANC et de sa jeunesse, entre appareil et terrain
Parallèlement à sa carrière académique et professionnelle, Khumbudzo Ntshavheni s’implique très tôt dans la vie politique au sein du Congrès national africain. Elle rejoint l’ANC Youth League (ANCYL), organisation de jeunesse historiquement associée aux grandes figures de la lutte contre l’apartheid, mais qui, au fil du temps, est aussi devenue un espace de compétition et de formation pour les futurs cadres du parti.
En avril 2013, elle est nommée au sein d’une task force nationale de 22 membres chargée de reconstruire l’ANC Youth League après la dissolution de sa direction. L’instance est dirigée à l’époque par Mzwandile Masina. La présence de Ntshavheni dans cette structure témoigne de la confiance que lui accordent déjà certains responsables de l’ANC, qui la voient comme une militante capable de contribuer à stabiliser une organisation en crise et de renouer le lien avec une jeunesse désabusée.
Elle siège également au comité exécutif national de la Ligue de jeunesse, puis intègre le comité exécutif provincial de l’ANC de Limpopo, où elle occupe la fonction de porte-parole de 2015 à 2018. Cet ancrage provincial est important : dans la politique sud-africaine, la capacité à tenir un rôle dans la structure régionale du parti reste un passage quasi obligé pour évoluer vers les responsabilités nationales. Son échec à être réélue au comité exécutif provincial en 2018 n’interrompt pas sa progression : il coïncide au contraire avec son basculement vers l’arène nationale.
En 2017, à l’approche de la 54e Conférence nationale de l’ANC, moment décisif pour la succession de Jacob Zuma à la tête du parti, elle est recrutée dans l’équipe de campagne de Cyril Ramaphosa, connue sous le nom de campagne CR17. Avec une autre responsable, Thembi Siweya, elle est chargée de piloter la campagne en Limpopo, province où Ramaphosa dispose de liens personnels anciens. Le succès de CR17 à la conférence de décembre 2017, qui conduit Ramaphosa à la présidence de l’ANC puis de la République, renforce son capital politique auprès du futur chef de l’État.
Ce rôle de manager de campagne ne la place pas seulement dans le camp des vainqueurs. Il en fait aussi l’une des figures de cette génération de responsables qui entendent redorer l’image d’un ANC miné par les scandales, notamment ceux liés à la « capture de l’État » mis au jour par la commission Zondo. C’est au sein de cette dynamique que son nom revient dans la presse, qui souligne à la fois sa loyauté envers Ramaphosa et sa proximité avec les circuits administratifs et économiques du pays.
Une carrière dans l’administration et les affaires publiques avant le gouvernement
Avant son entrée au Parlement en 2019 et sa nomination au gouvernement, Khumbudzo Ntshavheni est d’abord une cadre de l’administration et du secteur public. Elle commence sa carrière comme maître-assistante à l’Université d’Afrique du Sud (UNISA) avant de devenir porte-parole du Premier de la province de Limpopo, Ngoako Ramatlhodi.
Elle occupe ensuite plusieurs fonctions au sein du gouvernement provincial, notamment comme responsable au sein de Trade and Investment Limpopo, une structure chargée d’attirer les investissements et de soutenir les activités économiques dans la région, puis comme directrice des systèmes d’information au département provincial du gouvernement local et du logement. De 2008 à 2010, elle est directrice municipale (municipal manager) de la municipalité locale de Ba-Phalaborwa, toujours dans le Limpopo.
En 2010, elle franchit un cap en étant nommée directrice des opérations (Chief Operating Officer) de la State Information Technology Agency (SITA), organisme stratégique chargé des systèmes d’information de l’État sud-africain. Cette agence se trouve au cœur de la modernisation de l’administration, mais aussi de plusieurs controverses autour de marchés publics. En 2013, Khumbudzo Ntshavheni et plusieurs autres cadres sont suspendus à titre conservatoire à la suite d’allégations concernant un appel d’offres jugé irrégulier. Elle quitte SITA l’année suivante, après avoir conclu un accord de départ d’un montant de 1,9 million de rands selon des informations communiquées ultérieurement au Parlement.
Cet épisode illustre la complexité de la gouvernance sud-africaine, où la frontière entre réforme administrative, enjeux politiques et marchés publics est souvent tenue. Rien ne permet d’affirmer que Khumbudzo Ntshavheni ait fait l’objet de poursuites pénales à la suite de cette affaire, mais son nom reste associé, dans certains médias, à cette période de turbulences. Dans le même temps, ses soutiens soulignent qu’elle possède une connaissance approfondie de l’appareil d’État et de ses faiblesses, expérience jugée utile lorsqu’il s’agit de piloter des portefeuilles ministériels lourds.
Son passage par l’enseignement supérieur, l’administration provinciale, le management municipal et une grande agence technologique publique lui forge un profil hybride, à mi-chemin entre technocrate et responsable politique. C’est ce profil que Cyril Ramaphosa va chercher lorsqu’il constitue son gouvernement après les élections de 2019.
Du développement des petites entreprises au numérique : une ascension progressive au sein du cabinet
Lors des élections générales du 8 mai 2019, Khumbudzo Ntshavheni est élue députée à l’Assemblée nationale sur la liste nationale de l’ANC. Elle y obtient un siège le 22 mai 2019, avant d’être immédiatement propulsée au gouvernement. Le 29 ou 30 mai (les sources diffèrent légèrement sur la date officielle), Cyril Ramaphosa l’appointe ministre du Développement des petites entreprises, en remplacement de Lindiwe Zulu.
À la tête de ce portefeuille, elle insiste sur sa propre expérience d’entrepreneuse et se présente comme une « entrepreneuse de troisième génération », soulignant que sa famille a longtemps été engagée dans de petites activités économiques. Elle affirme vouloir réduire les lourdeurs administratives qui freinent l’essor des petites et moyennes entreprises, améliorer leur accès aux marchés publics et privés, et renforcer les compétences en gestion financière.
Son mandat intervient dans un contexte économique difficile, marqué par une croissance faible, un chômage massif – particulièrement chez les jeunes – et des attentes fortes vis-à-vis des politiques publiques d’appui aux petites entreprises. Dans ce contexte, la marge de manœuvre budgétaire du gouvernement reste limitée, et les résultats sont difficiles à mesurer à court terme. Toutefois, sa nomination à ce ministère la met en contact direct avec le tissu économique local et avec l’enjeu central de la création d’emplois, ce qui renforce sa visibilité politique.
En janvier 2021, après le décès du ministre à la Présidence Jackson Mthembu, Cyril Ramaphosa la désigne brièvement ministre à la Présidence par intérim. Elle occupe cette fonction de janvier à août 2021, avant un remaniement qui la conduit à changer de portefeuille.
Le 5 août 2021, lors d’un remaniement majeur, elle est nommée ministre des Communications et des Technologies numériques, en échangeant son poste avec Stella Ndabeni-Abrahams, qui reprend le Développement des petites entreprises. Elle devient ainsi responsable de la politique des télécommunications, du numérique et des médias publics. Parmi ses chantiers figure la migration numérique, c’est-à-dire le passage de la diffusion télévisuelle analogique au numérique, un processus de longue haleine en Afrique du Sud. Elle affirme alors que le pays est enfin prêt à achever cette transition, plusieurs fois reportée.
Cette période la place au cœur de dossiers sensibles : régulation des télécommunications, gouvernance de la radiodiffusion publique, réduction de la fracture numérique, préparation du passage au haut débit pour l’ensemble de la population. Elle acquiert également une notoriété internationale en rejoignant, comme ministre des Communications, des instances telles que la Broadband Commission, ce qui renforce son profil de responsable tournée vers les enjeux technologiques et de développement.
Son nom apparaît toutefois aussi dans le rapport de la commission Zondo sur la « capture de l’État », en lien avec son passage au conseil d’administration de Denel, entreprise publique du secteur de l’armement. Le rapport évoque sa participation en 2015 à la suspension et au licenciement de trois cadres dirigeants de Denel, dans un contexte où l’entreprise est au centre d’enquêtes sur des pratiques de gouvernance contestées. Cet épisode rappelle à quel point la frontière entre gestion d’entreprises publiques et enjeux politiques reste délicate dans le pays.
Malgré ces controverses, Khumbudzo Ntshavheni demeure dans le cercle rapproché du président. Le 6 mars 2023, dans le cadre d’un nouveau remaniement, Cyril Ramaphosa l’appelle de nouveau à la Présidence, cette fois à titre permanent, pour occuper le portefeuille très stratégique de ministre à la Présidence.
Ministre à la Présidence : au plus près de Cyril Ramaphosa et des centres névralgiques de l’État
Le poste de ministre à la Présidence est l’un des plus stratégiques du cabinet sud-africain. Créé en 1999, il est chargé d’assurer la coordination de plusieurs portefeuilles et agences rattachés directement au bureau du président. Au fil des années, il a souvent été confié à des personnalités considérées comme des proches politiques du chef de l’État.
Depuis le 6 mars 2023, Khumbudzo Ntshavheni occupe officiellement cette fonction. Selon la Présidence sud-africaine, elle est notamment responsable de la sécurité de l’État (State Security), du système de communication et d’information du gouvernement (Government Communication and Information System, GCIS), de Statistics South Africa (Stats SA) et d’autres responsabilités que le président peut lui déléguer.
Concrètement, cela signifie qu’elle supervise des domaines au cœur de la stabilité politique du pays :
- la coordination de la communication gouvernementale, dans un contexte où la confiance du public envers les institutions est souvent fragile ;
- la gestion politique de l’appareil de renseignement, à travers la supervision de la State Security Agency (SSA), critiquée par le passé pour son rôle controversé durant les années de Jacob Zuma ;
- la tutelle politique sur Stats SA, organisme chargé de produire les statistiques officielles, cruciales pour le pilotage des politiques publiques et la transparence de l’action de l’État.
En mai 2023, lors d’échanges avec des parlementaires, elle insiste sur le rôle de la SSA comme « rempart » pour la sécurité et la souveraineté de l’Afrique du Sud, dans un contexte de menaces intérieures et extérieures. Certains députés lui reprochent cependant les lacunes de l’agence, notamment en matière de contrôle des dépenses et de mise à jour de l’arsenal législatif encadrant le renseignement.
Sa fonction de ministre à la Présidence l’amène également à intervenir dans les débats sur la lutte contre la criminalité organisée, la corruption et la stabilité de la coalition gouvernementale. Depuis les élections où l’ANC a perdu, pour la première fois, sa majorité absolue au Parlement, le pays est dirigé par un gouvernement d’unité nationale qui rassemble plusieurs partis, dont l’ANC et l’Alliance démocratique (DA). Dans ce contexte, chaque scandale – notamment ceux concernant les forces de sécurité – nourrit les interrogations sur la capacité du gouvernement à se réformer en profondeur.
La position de Khumbudzo Ntshavheni, au carrefour de la sécurité, de la communication et de la coordination gouvernementale, l’oblige à tenir un équilibre délicat : défendre l’action du gouvernement Ramaphosa tout en reconnaissant les failles d’un État confronté à des défis majeurs, de la criminalité violente à la corruption, en passant par la défiance populaire envers les institutions.
Son rôle l’expose aussi sur la scène internationale. Lorsque les relations entre l’Afrique du Sud et certains partenaires internationaux se tendent, notamment autour de questions diplomatiques ou de sécurité, la Présidence doit redoubler d’efforts de communication. La ministre à la Présidence se trouve alors au premier rang pour articuler le récit officiel, défendre la souveraineté du pays et tenter de rassurer les acteurs économiques et politiques extérieurs.
Défis, critiques et perspectives pour une figure montante du pouvoir sud-africain
Comme nombre de responsables en vue en Afrique du Sud, Khumbudzo Ntshavheni est loin de faire l’unanimité. Ses détracteurs lui reprochent notamment d’avoir participé, au fil de sa carrière, à la gestion d’organismes publics ou d’entreprises d’État régulièrement critiqués pour leur gouvernance. L’épisode de son passage à SITA, puis le rôle évoqué dans le rapport de la commission Zondo à propos de Denel, alimentent ces critiques, même si aucune procédure pénale retentissante ne l’a directement visée.
À l’inverse, ses partisans mettent en avant un parcours qui, malgré les zones de turbulence, témoigne d’une connaissance intime des rouages de l’État sud-africain et d’une volonté de modernisation. Son passage au ministère des Communications et des Technologies numériques est ainsi présenté comme celui d’une responsable qui maîtrise les enjeux du numérique, essentielle dans un pays où la fracture technologique reste importante entre zones urbaines et rurales, et entre catégories sociales.
En tant que ministre du Développement des petites entreprises, elle a porté un discours insistant sur l’importance des PME dans la création d’emplois, tout en plaidant pour la simplification des procédures administratives qui les concernent. Les résultats de ces politiques sont difficiles à isoler dans un contexte macroéconomique dégradé, mais cette orientation demeure un élément important de son image publique.
Depuis qu’elle est ministre à la Présidence, l’un de ses principaux défis est de contribuer à restaurer la confiance dans les institutions, en particulier dans le renseignement et l’appareil de sécurité, régulièrement critiqués pour leurs failles, leur politisation supposée et leur vulnérabilité à la corruption. La commission Zondo, mais aussi d’autres enquêtes et commissions, ont mis en lumière la manière dont certaines agences de l’État avaient été instrumentalisées par des réseaux politiques et économiques. Elle doit maintenant veiller à ce que les engagements de réforme ne restent pas lettre morte.
Son rôle est tout aussi politique. Dans une Afrique du Sud marquée par la montée de la contestation sociale, le chômage massif des jeunes, les coupures d’électricité récurrentes et la persistance des inégalités raciales et sociales, la communication gouvernementale est un terrain miné. En tant que superviseure du GCIS, elle est censée garantir une information transparente et cohérente, tout en défendant la ligne de l’exécutif. L’équilibre entre transparence, pédagogie et communication politique est difficile à atteindre, surtout dans un environnement médiatique très critique.
En interne, Khumbudzo Ntshavheni doit aussi composer avec les rapports de force au sein de l’ANC. Son ascension au comité exécutif national du parti, en décembre 2022, confirme son intégration dans le cercle dirigeant. Mais l’ANC reste traversé par des courants, entre partisans d’une réforme profonde et défenseurs du statu quo, et chaque remaniement ministériel s’inscrit dans cette compétition. Son destin politique dépendra en grande partie de l’équilibre que parviendra à maintenir Cyril Ramaphosa, lui-même soumis à une forte pression, entre résultats concrets et apaisement des tensions internes.
Enfin, la figure de Khumbudzo Ntshavheni s’inscrit dans un enjeu plus large : celui de la représentation des femmes au plus haut niveau de l’État sud-africain. Depuis la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud a fait des progrès significatifs en matière de parité politique, avec une proportion importante de femmes au Parlement et au gouvernement. Mais les postes les plus sensibles – sécurité, finances, présidence – ont longtemps été l’apanage des hommes. Le fait qu’une femme, venue de Limpopo, soit aujourd’hui responsable d’un portefeuille aussi stratégique que celui de la Présidence est un symbole fort, même si, dans le quotidien du pouvoir, c’est surtout la capacité à délivrer des résultats qui sera déterminante.
À ce stade de sa carrière, Khumbudzo Phophi Silence Ntshavheni apparaît comme l’une des personnalités à suivre dans la politique sud-africaine. Son parcours, de Sibasa à la Présidence, raconte l’histoire d’une enfant de la démocratie sud-africaine qui a grandi dans l’ombre de l’apartheid mais a construit sa trajectoire dans l’Afrique du Sud post-1994. Au cœur d’un État en quête de réformes et d’une société en demande de justice sociale, elle occupe désormais une position où s’entrelacent responsabilités de sécurité, de communication et de gouvernance.
Reste à savoir si, dans les années à venir, elle pourra transformer ce capital politique et administratif en résultats tangibles pour une population confrontée à de multiples crises. Dans un pays où la confiance envers les institutions s’érode et où les scandales ont considérablement abîmé l’image de l’ANC, la réussite ou l’échec de figures comme Khumbudzo Ntshavheni pèsera sans doute lourd sur l’avenir de la démocratie sud-africaine.



