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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Fonds commun, programmes, réformes : Madagascar et la France renforcent leurs partenariat éducative

Mercredi 3 décembre 2025, au cœur d’Anosy, un entretien discret mais chargé d’enjeux a réuni l’Ambassadeur de France à Madagascar, Arnaud Guillois, et la ministre malagasy de l’Éducation nationale, Dr Elys Karena Hanitriniaina. Présentée comme une visite de courtoisie, la rencontre a rapidement pris la forme d’une séance de travail consacrée à un sujet qui dépasse largement le protocole : l’amélioration continue de l’éducation des enfants malagasy, sans distinction. Dans le bureau ministériel, les échanges ont mis en lumière une coopération que les deux parties souhaitent non seulement pérenniser, mais aussi renforcer, à travers des projets concrets, des réformes et des mécanismes de financement partagés.


Le message central de cette entrevue tient en une idée simple : l’école demeure un levier essentiel de développement, et sa qualité dépend autant de la vision pédagogique que des moyens mobilisés pour la mettre en œuvre. Dans ce cadre, la France a réaffirmé sa volonté d’appuyer le ministère malagasy, en affichant un soutien à la fois politique et opérationnel. Les contours de cet appui se dessinent autour d’axes déjà identifiés, qui vont de l’amélioration des programmes scolaires à la consolidation d’un budget commun dédié à l’éducation, le Fonds Commun de l’Éducation (FCE). Au-delà des formules, le rendez-vous visait à aligner les priorités, clarifier les attentes, et replacer l’enfant au centre de l’architecture éducative.


La Ministre malagasy de l’Éducation nationale, Dr Elys Karena Hanitriniaina accompagné de l'Ambassadeur de France à Madagascar, Arnaud Guillois
La Ministre malagasy de l’Éducation nationale, Dr Elys Karena Hanitriniaina accompagné de l'Ambassadeur de France à Madagascar, Arnaud Guillois

Une visite de courtoisie aux airs de consultation stratégique


Le terme de visite de courtoisie renvoie traditionnellement à un échange institutionnel destiné à entretenir de bonnes relations bilatérales. Pourtant, dans le contexte de cette rencontre du 3 décembre, la courtoisie s’est doublée d’une dimension stratégique. Le choix du lieu, le bureau ministériel à Anosy, l’actualité du calendrier éducatif et la présence de projets déjà engagés ont donné une tonalité de travail à l’entretien. D’un côté, un ambassadeur représentant un partenaire historique et engagé sur le terrain. De l’autre, une ministre récemment investie d’une mission reconnue comme noble par son interlocuteur : élever durablement la qualité de l’enseignement pour tous les enfants malagasy.


Il faut saisir ce que ce type d’échange signifie pour un ministère de l’Éducation. Dans n’importe quel pays, l’école traverse des défis qui nécessitent des décisions de long terme, tout en faisant face à l’urgence du quotidien. Les partenaires internationaux ne sont pas sollicitées seulement pour des financements, mais aussi pour leur expérience, leur capacité de mobilisation et leur accompagnement technique. En se rendant en personne au ministère, Arnaud Guillois a envoyé un signal d’attention et de respect : le dialogue éducatif n’est pas relégué à une annexe diplomatique ; il se traite au plus haut niveau.


La ministre, de son côté, a accueilli cette démarche dans un esprit d’ouverture. Son mandat se situe à un moment où l’administration éducative cherche à maintenir une dynamique de réforme, à corriger les fragilités structurelles et à mieux répondre aux besoins des écoles. Une rencontre bilatérale de cette nature offre un espace rare : celui d’un échange direct sur les priorités, sans le filtre des grandes conférences ni la rigidité d’un sommet officiel. C’est aussi un moment où les intentions doivent s’incarner en programmes, budgets et calendriers réalistes.


La dimension symbolique n’est pas négligeable. Lorsque deux responsables se retrouvent pour parler d’éducation « sans distinction », la formule rappelle le caractère universel du droit à l’école, mais aussi la nécessité d’en garantir l’égalité d’accès et de traitement. Ce langage commun, diplomatique mais limpide, constitue une base pour approfondir la coopération. En ce sens, la visite ne s’est pas limitée à entretenir la relation ; elle a cherché à la renforcer en la reliant à des objectifs précis.


Améliorer les programmes scolaires, un chantier partagé


Parmi les thèmes abordés figurait l’amélioration des programmes scolaires. L’enjeu est central : un système éducatif ne se mesure pas seulement au nombre d’écoles ou d’élèves, mais à la pertinence de ce qu’il enseigne, à la cohérence de ses parcours, et à sa capacité à former des citoyens autonomes. La question des programmes apparaît ainsi comme l’ossature d’une réforme éducative. Elle implique des choix sur les contenus, les méthodes, la progression des apprentissages et le lien entre l’école et la société.


Dans les discussions de mercredi, la coopération franco-malagasy semble s’inscrire dans une logique de soutien à ce chantier. Cet appui peut recouvrir plusieurs dimensions. D’abord, une réflexion conjointe sur l’actualisation des curricula pour mieux répondre aux réalités contemporaines. Ensuite, un accompagnement des équipes nationales dans l’élaboration, la diffusion et l’appropriation des nouveaux contenus. Enfin, un appui à la formation des enseignants, car un programme n’a d’effet que s’il est compris et porté dans les classes.


L’intérêt d’une telle coopération réside dans sa continuité. Les programmes ne s’améliorent pas du jour au lendemain. Ils s’ajustent, se testent, s’évaluent. Cela demande un effort de planification, une capacité à écouter les remontées du terrain, et une volonté politique pour maintenir le cap. Si l’ambassadeur a évoqué ce sujet, c’est qu’il constitue un pilier concret sur lequel la France peut soutenir Madagascar, en lien avec les dispositifs déjà existants.


Cette amélioration des programmes s’inscrit aussi dans une ambition plus large : celle d’une éducation de qualité pour tous. La qualité ne se limite pas à la valeur académique des contenus. Elle couvre l’adaptation aux élèves, la prise en compte de leurs contextes, et l’équité entre établissements. En travaillant sur les programmes, les partenaires cherchent à réduire les écarts et à offrir aux enfants malagasy la même promesse de réussite, qu’ils soient scolarisés dans une zone urbaine ou rurale, dans une école grande ou modeste.


Pour le ministère, c’est un chantier souvent sensible, car il touche à l’identité scolaire du pays. Réformer un programme revient à interroger la finalité de l’école : que veut-on transmettre, pourquoi et comment ? C’est là que la coopération internationale doit être finement ajustée : soutenir sans imposer, accompagner sans substituer. Les échanges de mercredi semblent aller dans ce sens, en affirmant l’appui à une vision portée par les autorités malagasy elles-mêmes.


Réformes éducatives : entre ambition politique et réalités de terrain


L’entretien a également porté sur les réformes du secteur de l’éducation. Le mot réforme peut désigner un éventail large d’actions, allant de l’organisation administrative à la modernisation pédagogique, en passant par la gouvernance financière des écoles. Quelles que soient leurs formes, les réformes éducatives ont un point commun : elles engagent l’avenir du pays à travers la transformation de son école. Elles impliquent des arbitrages difficiles, car elles touchent directement les enseignants, les élèves, les familles et les collectivités.


Le fait que ce sujet soit au cœur de la rencontre indique que les deux parties voient la réforme comme une condition pour améliorer durablement la qualité de l’éducation. Une réforme n’est pas une simple brochure de mesures ; c’est une dynamique. Elle suppose une direction claire, des étapes identifiées, et une capacité à évaluer ce qui fonctionne ou non. Elle suppose aussi de tenir compte des réalités du terrain : les conditions matérielles des établissements, les effectifs, la disponibilité des ressources, et la diversité des contextes locaux.


Dans cette perspective, le soutien d’un partenaire comme la France peut contribuer à sécuriser le chemin. Il peut aider à structurer l’effort, à soutenir les capacités de pilotage, ou à financer des composantes essentielles qui rendent la réforme possible. L’accent mis sur la coopération laisse entendre que l’objectif n’est pas de juxtaposer des projets, mais de soutenir une trajectoire de transformation.


Pour la ministre, mener une réforme éducative est une responsabilité qui ne s’exerce pas uniquement dans les bureaux de la capitale. Le cœur du système bat dans les salles de classe, là où les enseignants appliquent les orientations nationales. Une réforme réussie est donc celle qui parvient à être comprise, acceptée et mise en œuvre à tous les niveaux. Les échanges de mercredi, centrés sur la qualité de l’éducation des enfants sans distinction, renvoient à cet impératif d’inclusion.


Enfin, il faut rappeler qu’une réforme éducative est souvent un compromis entre l’ambition politique et les contraintes budgétaires. Les intentions peuvent être fortes, mais leurs effets dépendent des moyens déployés. C’est ce qui explique que la discussion ait naturellement glissé vers la question du financement, notamment le Fonds Commun de l’Éducation.


Le Fonds Commun de l’Éducation, pivot financier de la coopération


Le financement des projets inscrits dans le budget commun dédié à l’éducation, appelé Fonds Commun de l’Éducation (FCE), a occupé une place importante dans les échanges. Ce fonds, par son nom même, renvoie à une logique de mutualisation : des partenaires s’accordent pour contribuer à un dispositif partagé, géré pour répondre aux priorités du secteur. Dans le cas présent, le FCE apparaît comme un socle de la coopération entre Madagascar et la France.


Le fonds soutient notamment deux types de ressources destinées directement aux écoles : les fonds de fonctionnement, appelés caisse-école, et les fonds d’appui scolaire, appelés caisse de soutien. Ces appellations parlent d’elles-mêmes. La caisse-école renvoie à la capacité d’un établissement à assurer son fonctionnement quotidien. La caisse de soutien vise à renforcer l’acte éducatif lui-même, à aider les écoles à mieux accompagner les apprentissages.


L’importance de ces mécanismes est majeure, car ils touchent à la vie concrète des établissements. Là où l’éducation se joue, ce sont souvent les détails matériels qui font la différence : la possibilité de financer des besoins essentiels, d’entretenir le cadre scolaire, de soutenir des activités pédagogiques. Ces fonds constituent une manière pragmatique de faire arriver l’aide au plus proche des élèves et des enseignants.


La France finance ces dispositifs à travers plusieurs canaux mentionnés lors de la rencontre : l’Ambassade de France, l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE). Ce triptyque montre la diversité des instruments mobilisés. L’ambassade incarne l’engagement diplomatique et la coordination. L’AFD marque une logique de développement et d’investissement. L’AEFE renvoie à l’expertise éducative et au lien avec l’enseignement français à l’étranger. Ensemble, ces acteurs structurent une aide qui ne se limite pas à un geste ponctuel, mais s’inscrit dans un ensemble d’appuis cohérents.


Le FCE, en tant que budget commun, suppose aussi un dialogue régulier sur ses priorités, son efficacité et son suivi. Les échanges de mercredi peuvent être compris comme un moment d’alignement : que finance-t-on, pourquoi, avec quels résultats attendus ? La coopération financière n’est productive que si elle s’accompagne d’une transparence sur l’usage des ressources et d’une évaluation sur l’impact réel dans les écoles.


En évoquant ces fonds, la rencontre souligne une orientation claire : l’amélioration de la qualité éducative passe aussi par le renforcement des moyens de base. Les réformes les plus ambitieuses restent fragiles si elles n’ont pas d’ancrage matériel. Le FCE et ses composantes apparaissent dès lors comme un pivot, une infrastructure financière sur laquelle les transformations pédagogiques peuvent s’appuyer.


Une volonté française réaffirmée, une mission ministérielle encouragée


Au terme de l’entretien, l’ambassadeur de France a réaffirmé sa volonté d’appuyer le ministère de l’Éducation nationale. Dans le langage diplomatique, une réaffirmation est plus qu’une formule : elle signifie une continuité, parfois même un renforcement, de l’engagement. Elle dit que la France ne considère pas la coopération éducative comme un dossier secondaire, mais comme un axe durable de sa relation avec Madagascar.


Cette prise de position a été accompagnée d’un encouragement adressé à la ministre dans la mission qu’elle assume. Le qualificatif de noble mission n’est pas neutre. Il rappelle que l’éducation n’est pas un secteur administratif parmi d’autres. Elle est une responsabilité morale et nationale, qui conditionne l’avenir d’une génération. Qu’un ambassadeur le souligne dans un échange officiel souligne la place symbolique de l’école dans les priorités bilatérales.


Ce soutien peut se lire à deux niveaux. D’abord, un niveau politique : la France s’engage à rester un partenaire de confiance, à soutenir les choix du ministère malagasy dans la durée. Ensuite, un niveau opérationnel : elle continue de financer, d’accompagner et de participer à des projets ciblés, comme ceux évoqués autour du FCE, des programmes scolaires et des réformes. La coopération éducative n’est pas une promesse abstraite ; elle prend corps dans des décisions budgétaires, des partenariats techniques et des dispositifs concrets.


L’insistance sur une éducation « sans distinction » donne la tonalité d’ensemble. Elle rappelle que l’objectif est d’améliorer la qualité de l’éducation pour tous les enfants malagasy, quel que soit leur milieu, leur lieu de vie ou leur situation. Cette perspective englobe la lutte contre les inégalités scolaires, le soutien aux écoles les plus vulnérables et la volonté de garantir à chaque enfant une chance réelle d’apprendre et de progresser.


À ce stade, la rencontre du 3 décembre 2025 apparaît comme un jalon important, à la fois modeste et déterminant. Modeste, car elle se déroule dans les cadres normaux du dialogue bilatéral, sans annonce spectaculaire. Déterminant, car elle réaffirme une direction commune : faire de l’éducation un terrain de coopération prioritaire, structuré et orienté vers l’amélioration tangible des écoles.


Le suivi de ces engagements ne dépendra pas uniquement de la diplomatie. Il reposera sur la capacité des projets à produire des effets visibles dans la vie des établissements, sur l’appropriation des réformes par les acteurs de terrain, et sur la constance de l’investissement. Mais un signal a été donné à Anosy : la coopération éducative entre Madagascar et la France ne se contente pas d’exister, elle cherche à s’intensifier.


En définitive, l’entretien entre l’ambassadeur Arnaud Guillois et la ministre Dr Elys Karena Hanitriniaina s’inscrit dans une logique de continuité et de consolidation. Programmes scolaires, réformes, financement via le Fonds Commun de l’Éducation, soutien direct aux écoles : tous ces éléments convergent vers un même horizon. Celui d’une école malagasy mieux équipée, mieux soutenue et mieux armée pour offrir à chaque enfant une éducation de qualité. Dans une époque où les défis éducatifs restent complexes, la rencontre du 3 décembre 2025 rappelle que la collaboration patiente, ciblée et respectueuse demeure l’un des outils les plus solides pour faire progresser l’école.

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