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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

JIRAMA : Dylan Siva dénonce des détournements massifs et une gestion « hors de contrôle »

En direct du palais d’Iavoloha, l’influenceur franco-vietnamien Dylan Siva a publié, hier 27 novembre 2027, une déclaration qui sonne comme un appel pressant à l’attention de la présidence et du pays tout entier. Dans un message à la tonalité ouverte­ment militante, il affirme être reçu par la présidence, mais martèle que « il faut qu’ils nous entendent », en exhortant la population à « faire du bruit » pour provoquer un mouvement politique. Son propos vise un objectif central : la situation de la JIRAMA, qu’il ne décrit pas comme un simple service public en panne, mais comme l’otage d’un « système » ancré, scandaleux, et destructeur pour l’économie malgache. Selon lui, ce système détourne, gaspille, et maintient le peuple « dans le noir ». Il s’appuie sur ce qu’il présente comme un rapport d’audit qui « dévoile enfin » des pratiques anciennes. Dans ce texte, l’influenceur déroule une série de constats chiffrés et d’accusations graves, en appelant à une publication « intégrale, complète et sans censure » du rapport. Il conclut par une mise en garde : si rien ne change, la JIRAMA s’effondrera, et Madagascar « s’effondrera avec elle ». Sa déclaration est présentée comme « un cri du cœur », « un cri de colère » et « un cri de survie », nourri par « beaucoup de dossiers » sur lesquels il dit travailler « jour et nuit ».

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Une entreprise publique « victime d’un système », pas d’un simple dysfonctionnement

Dès les premières lignes, Dylan Siva refuse l’explication courante qui réduirait la crise de l’électricité publique à des coupures ou à des problèmes techniques. Pour lui, « la JIRAMA ne souffre pas d’un simple dysfonctionnement » : elle est « victime d’un système ». La nuance est essentielle dans sa prise de parole. Là où un dysfonctionnement renverrait à des erreurs ponctuelles ou à une incapacité opérationnelle, le mot « système » implique, dans sa bouche, une organisation durable qui agit contre l’intérêt public. Il décrit ce système comme un mécanisme qui « détourne, gaspille, tue notre économie » et laisse les citoyens privés d’électricité.

Cette lecture place les délestages au second plan. Selon lui, ce qui détruit l’électricité publique à Madagascar n’est pas seulement l’interruption du courant. Les délestages ne seraient que le symptôme visible d’une crise plus profonde. Le cœur du problème, insiste-t-il, réside dans des « pratiques scandaleuses » qui seraient « ancrées depuis des années » et que le rapport d’audit mettrait en lumière. En s’appuyant sur l’existence de ce rapport, il entend étayer ses accusations par des données qu’il présente comme officielles ou, du moins, formalisées par un travail de contrôle.

Le ton du message ne se limite pas à l’indignation. Il cherche à construire une logique : si l’entreprise est prisonnière d’un système, alors la solution ne peut pas être un simple ajustement technique ou administratif. Il suggère implicitement qu’il faut un changement d’ampleur, une rupture avec des pratiques qu’il qualifie de sabotage. Il insiste aussi sur la dimension collective de l’enjeu. Ce qui se joue avec la JIRAMA, selon lui, dépasse l’entreprise elle-même : c’est l’économie nationale qui serait fragilisée, et le quotidien des habitants qui resterait plongé dans l’obscurité.

Sa publication depuis le palais d’Iavoloha ajoute un décor politique à son propos. Le choix de ce lieu, siège de la présidence, et l’affirmation d’être reçu, servent à donner à son message une gravité institutionnelle. Il ne s’adresse pas seulement à son audience en ligne ; il interpelle l’État. Dans la rhétorique de Dylan Siva, le peuple doit se faire entendre pour contraindre le pouvoir à agir. « Faites du bruit sinon ils bougeront pas », écrit-il. Cette injonction met la mobilisation citoyenne au centre de la démarche : le rapport d’audit ne suffit pas s’il n’est pas suivi d’une réaction politique.

Des écarts massifs de carburant : « des millions de litres disparaissent »

L’un des axes les plus détaillés de la déclaration concerne la question du carburant. Dylan Siva affirme que le rapport d’audit révèle de « écarts inexcusables » entre les carburants achetés et ceux réellement livrés. Il fournit des chiffres précis : 124 726 litres de FO et 47 985 litres de GO manqueraient à l’appel, ce qu’il chiffre à 734 030 500 ariary « volatilisés ». L’usage du mot « volatilisés » n’est pas anodin : il traduit une disparition que l’influenceur ne veut pas qualifier d’accidentelle.

Il ajoute que ce n’est que « la partie visible ». Autrement dit, les pertes constatées au sein de la JIRAMA elle-même ne représenteraient qu’une fraction du problème. Dans la suite, il évoque les producteurs d’électricité, qui enregistreraient des chiffres « totalement différents » de ceux de l’entreprise publique. Il cite deux structures par leur nom, AKSAF et CTA2, en donnant cette fois des écarts d’une tout autre ampleur : AKSAF afficherait un différentiel de 19 823 735 litres, et CTA2 un écart de 3 080 068 litres. Les emoji de colère qui accompagnent ces données dans sa publication traduisent sa stupeur et sa rage.

Pour Dylan Siva, ces divergences ne peuvent pas être rangées dans la catégorie des imprécisions techniques. Il insiste : « Ce ne sont PAS des marges d’erreur. Ce sont des pertes. Des fuites. Des détournements. » La logique est claire : si les volumes payés ne parviennent pas aux centrales, alors il y a détournement de fonds et d’énergie. Il souligne le caractère concret, presque physique, de cette disparition : du carburant « payé par la population » ne parviendrait « jamais à la centrale ».

Son message met ainsi en relation directe la question du carburant et la réalité quotidienne des coupures d’électricité. Sans développer au-delà de ce qu’il écrit, il laisse entendre que la chaîne d’approvisionnement énergétique est altérée par des pratiques internes ou externes, et que cela se traduit par une production moindre. Ici encore, l’idée de « système » revient : ce n’est pas une perte ponctuelle, mais un phénomène récurrent et massif.

Ces chiffres, présentés comme issus d’un audit, donnent à son propos une dimension d’accusation étayée. Dans l’économie de son texte, la disparition de carburant devient un symbole de la captation du service public par des intérêts obscurs. L’ampleur des écarts cités, surtout ceux attribués aux producteurs, renforce ce qu’il veut faire entendre : le problème dépasse de loin les petits dysfonctionnements et touche à la structure même de la gestion énergétique.

Des contrats et prix jugés « léonins » : la mécanique du take-or-pay et l’explosion du FO

Au-delà des volumes de carburant, Dylan Siva s’attaque à la nature des contrats qui régissent la production et l’achat d’énergie. Il dénonce des « contrats léonins qui étranglent la JIRAMA ». Au centre de cette critique se trouve le mécanisme du take-or-pay. L’influenceur rappelle brièvement le principe : la JIRAMA est obligée de payer même lorsqu’elle ne consomme pas. Même si la production est « plus basse que prévu », la facture resterait « pleine ».

Il interprète cette clause contractuelle comme une preuve de gestion dévoyée. « À ce niveau, ce n’est plus de la gestion. C’est du sabotage », écrit-il. Le terme est fort et vient consolider son récit : des acteurs auraient mis en place, ou laissé prospérer, des règles qui pénalisent systématiquement l’entreprise publique, la forçant à payer pour des volumes d’énergie non utilisés. Le mot « sabotage » implique une intention de nuire, tout en s’inscrivant dans sa vision d’un système structuré contre l’intérêt général.

Il enchaîne ensuite sur une autre dimension : le prix du carburant FO. Il décrit des « prix imposés, sans aucune explication » et détaille une évolution chiffrée entre 2020 et 2022. Selon les données qu’il fournit, le litre de FO serait passé de 1 642 ariary en 2020 à 3 198 ariary en 2022, soit une hausse de 94,7 %. Il qualifie cette progression de « monstrueuse ».

Pour étayer son indignation, il cite une affirmation attribuée à la JIRAMA elle-même : « Le prix d’achat du FO est attribué par JOVENA. » Dans son message, ce point est présenté comme un aveu d’une dépendance ou d’une imposition tarifaire. Il insiste sur l’absence de justification : « Aucune justification. Aucune note explicative. Aucun cadre réglementaire cité. Un silence qui en dit long. »

Là encore, le propos ne dépasse pas les éléments qu’il donne. Il ne développe pas les raisons macroéconomiques possibles de la hausse ; au contraire, il la situe dans une zone d’opacité et de non-dit. Ce qui compte pour lui est la combinaison de plusieurs facteurs : des contrats qui obligent à payer sans consommer, et des prix de carburant qui montent brutalement sans explication officielle. Ces éléments, mis bout à bout, forment une mécanique qui « étrangle » la JIRAMA.

Dans la structure du message, ces deux critiques se complètent. Les pertes de carburant évoquées plus haut affaiblissent la production ; les contrats take-or-pay dégradent la santé financière de l’entreprise en l’obligeant à payer malgré la sous-utilisation ; et l’explosion du prix du FO alourdit encore les charges. Dylan Siva suggère ainsi un engrenage où l’entreprise publique se retrouve piégée à la fois par des fuites matérielles et par des choix contractuels et tarifaires qu’il juge inacceptables.

Des centrales inefficaces et un gaspillage chiffré à 94 milliards d’ariary

La dénonciation de Dylan Siva s’étend à la performance technique des centrales et à ce qu’il considère comme un gaspillage colossal. Il compare une « norme JIRAMA » et la « réalité des centrales au GO ». La norme serait fixée à 230 g/kWh. La réalité, selon le rapport qu’il invoque, monterait « jusqu’à 410 g/kWh ». Il qualifie cet écart de « dérive ».

Il associe cette dérive à un coût global : 94 303 286 122 ariary entre 2020 et juin 2023. Il simplifie la somme en parlant de « 94 milliards » « partis en fumée ». La métaphore du feu renvoie à la fois au carburant brûlé et à l’argent public dissipé. Il martèle trois fois ce chiffre pour donner au lecteur la mesure de ce qu’il dénonce : 94 milliards qui auraient pu renforcer le réseau, 94 milliards « sortis de la poche des contribuables ».

Son propos laisse entendre que l’inefficacité des centrales au GO est structurelle et coûteuse. Il ne s’attarde pas sur les causes techniques de cet écart de consommation, mais sur sa conséquence financière. Dans sa logique, cette inefficacité n’est pas un simple manque d’optimisation ; elle est un gaspillage « astronomique ».

Ce passage du message sert un double objectif. D’abord, il apporte une preuve supplémentaire que le problème n’est pas limité à l’approvisionnement en carburant ou aux contrats : même quand l’énergie est produite, elle le serait de manière anormalement coûteuse. Ensuite, il renforce l’idée que les ressources publiques sont détournées de leur finalité. Les milliards perdus ne sont pas seulement des chiffres abstraits : ce sont des investissements manqués pour le réseau, des efforts financiers imposés aux citoyens.

La façon dont il présente ces données révèle aussi une volonté de rendre l’audit accessible. Il part d’un indicateur technique simple, la consommation de carburant par kilowattheure, puis traduit l’écart en une somme globale. C’est un procédé classique de vulgarisation militante : transformer un ratio en un montant qui parle à tous.

Dans le fil de son texte, le gaspillage technique devient un autre visage du même « système ». Qu’il s’agisse de carburant qui disparaît, de prix inexpliqués, ou de centrales sur-consommatrices, le résultat est identique : une entreprise exsangue et un service public qui s’effondre.

Une gestion interne « hors de contrôle » et l’exigence de transparence totale

Enfin, Dylan Siva consacre une partie substantielle de sa publication à la gestion interne de la JIRAMA. Il parle d’une « gestion interne désastreuse, hors de contrôle ». Il liste une série de constats qu’il attribue au rapport : stocks non enregistrés, plateforme Matsaleka non mise à jour, entrées et sorties absentes des systèmes, livraisons de GO non comptabilisées pendant des mois, transporteurs non payés, réquisitions plus coûteuses que les achats normaux.

Ces éléments, mis bout à bout, composent l’image d’un système logistique et administratif chaotique. L’influenceur résume ce tableau en une formule : « C’est le chaos organisé. » Le choix des mots mêle l’idée de désordre et celle d’intention. « Organisé » suggère que ce chaos n’est pas seulement le fruit de l’incompétence, mais aussi d’un mode de fonctionnement durable.

Dylan Siva insiste aussi sur la gravité de l’évaluation attribuée à l’instance de contrôle. Il écrit que « la Cour le dit clairement » : les données de stock seraient « non fiables et inutilisables ». Cette phrase, qu’il met en avant, sert à légitimer son indignation : si les données sont inutilisables, alors la gestion n’a plus de base solide, et la porte est ouverte à toutes les dérives qu’il décrit.

Ce diagnostic interne relie tous les autres aspects de sa dénonciation. Des stocks non enregistrés et des plateformes non mises à jour peuvent, selon ce qu’il suggère, expliquer des écarts de carburant et des pertes non retracées. Des livraisons non comptabilisées et des transporteurs impayés renforcent l’idée d’une chaîne d’approvisionnement désarticulée. Même si son texte ne développe pas explicitement ces liens, la cohérence narrative apparaît clairement : la corruption ou le sabotage présumés se nourrissent d’une administration fragile ou volontairement opaque.

C’est dans cette dernière section que l’influenceur formule son exigence politique la plus nette : le peuple « a le droit de savoir. Tout. » Il rejette l’idée d’une diffusion partielle du rapport. Madagascar, écrit-il, ne veut plus « d’extraits, de bribes, de résumés ». Il exige la « publication intégrale, complète et sans censure du rapport ». À ses yeux, la « lumière doit être faite » sur chaque chiffre, chaque nom, chaque responsabilité.

Il affirme que la transparence est une « obligation morale envers le peuple ». Le choix du terme « morale » indique que sa revendication dépasse les procédures administratives : elle est présentée comme un devoir éthique de l’État envers ses citoyens. Il conclut sur une série de refus : « Assez de mensonges. Assez de pertes. Assez de silence. » Cette triple répétition accentue la dimension de rupture qu’il appelle de ses vœux.

La publication elle-même, explique-t-il, est motivée par l’urgence. Il la présente comme une vidéo-cri, issue d’une colère et d’une volonté de survie. L’alerte finale est sans ambiguïté : « Parce que si rien ne change… la JIRAMA s’effondrera. Et Madagascar s’effondrera avec elle. » Dans cette phrase, il lie explicitement le destin de l’entreprise publique à celui du pays.

En se présentant comme détenteur de « beaucoup de dossiers » et en affirmant travailler « jour et nuit », Dylan Siva cherche à montrer qu’il ne parle pas seulement sous le coup de l’émotion. Il se donne un rôle de vigie, voire d’enquêteur citoyen, rassemblant des éléments pour que « la vérité sorte ». Son message, depuis le palais d’Iavoloha, est ainsi une interpellation publique et un appel à la mobilisation : l’audit doit être rendu public, les pratiques dénoncées doivent être reconnues, et les responsabilités doivent être établies.

Dans son texte, il n’y a pas de nuance : l’entreprise ne souffre pas d’une panne, mais d’un système. Les pertes de carburant, les clauses contractuelles take-or-pay, les prix imposés du FO, l’inefficacité coûteuse des centrales et la gestion interne désordonnée composent, selon lui, un même tableau. Un tableau dont la conséquence est la précarité énergétique et économique du pays. Son appel à « faire du bruit » vise à transformer cette dénonciation en levier politique, pour obliger les décideurs à agir et à rendre des comptes.

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