Élection présidentielle à Madagascar : un scandale politique ?
- Volanirina Razafindrafito

- 1 déc. 2023
- 3 min de lecture

Aujourd'hui, Madagascar se trouve à un tournant politique crucial avec la proclamation imminente des résultats officiels de l'élection présidentielle de 2023 par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Cependant, il n'y a guère de suspense à attendre, car le processus électoral est entaché de scandales et de manigances politiques depuis le début.
La HCC : un histoire de partialité
Depuis des années, la HCC a démontré un parti pris flagrant envers le pouvoir en place, rejetant systématiquement les litiges électoraux avec des décisions telles que "azo raisina fa tsy mitombona" (requête recevable mais infondée). Cette partialité éhontée a sapé la confiance du public dans l'intégrité du processus électoral.
Une réélection prévisible
Il est prévisible que la HCC proclamera la réélection du président sortant, Andry Rajoelina, dès le premier tour, malgré un climat électoral entaché de controverses. Cette annonce risque de mettre en lumière le manque de légitimité de cette élection, avec un taux de participation artificiellement gonflé pour masquer le désintérêt du peuple malgache pour ce scrutin.
Des contestations ignorées
Le Collectif des candidats, composé de 11 membres, a tenté de soulever des préoccupations légitimes concernant le déroulement de l'élection. Cependant, à Madagascar, les efforts des observateurs et des candidats pour présenter des requêtes sont souvent ignorés, car le pouvoir judiciaire craint de s'opposer à l'exécutif.
La Communauté Internationale : témoin passif
La communauté internationale, malgré quelques critiques formelles, est prompte à reconnaître les résultats de l'élection. Les forces de répression, regroupées sous l'EMMONAT, ont déjà laissé entendre qu'elles se plieraient à la volonté de Rajoelina. Il est peu probable que quelqu'un d'autre que lui soit déclaré vainqueur, renforçant ainsi le règne de la partialité politique.
Le pire contexte post-électoral
Madagascar se dirige vers l'un des contextes post-électoraux les plus tumultueux depuis 1972. Les actes arbitraires, les tracasseries et les intimidations du pouvoir en place ont restreint la compétition électorale dès le stade pré-électoral. Le boycott de trois quarts des candidats, les critiques de la société civile et le franc-parler de l'Organisation internationale de la Francophonie témoignent du caractère contesté de cette élection.
L'absence de volonté pour une élection équitable
Au-delà du manque de ressources de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ce qui a cruellement manqué à cette élection présidentielle de 2023, c'est la volonté sincère du pouvoir en place d'organiser un scrutin libre, équitable et transparent. Les institutions politiques et le système politique en général ont échoué à servir de garants de l'intégrité électorale.
Une opposition démocratique et son incertitude
L'opposition malgache a joué le jeu démocratique en présentant des candidats, en demandant des autorisations de manifestation et en déposant des requêtes auprès des institutions compétentes. Cependant, elle fait maintenant face à des résultats officiels qui semblent ignorer ses préoccupations légitimes. Le pays risque de sombrer dans un dialogue de sourds, car le pouvoir cherche à maintenir sa légitimité par la force.
Pas de voie de sortie politique en vue
Les observateurs qui espèrent encore une issue politique alternative sont confrontés à un sombre tableau. Toute ouverture politique serait perçue comme un marchandage politique cynique, conclu loin des regards du public. Les recommandations visant à améliorer la crédibilité des élections à Madagascar restent lettre morte, condamnant le pays à un avenir incertain.
Un avenir marqué par l'incertitude
Les mois à venir pourraient voir Madagascar plonger dans le chaos, avec le centre de la capitale occupé par des forces de l'ordre imposantes, dissimulant un profond désordre politique. L'incertitude règne, et il est à craindre que le pays ne soit plongé dans une période sombre de son histoire politique.


