Qui est Moumin Hassan Barreh ?

À Djibouti, certains portefeuilles ministériels pèsent davantage qu’ils n’en ont l’air. Celui des Affaires musulmanes et des Biens Wakfs en fait partie, parce qu’il touche à la fois à la vie spirituelle, à la cohésion sociale, à l’organisation du pèlerinage, et, plus largement, à la manière dont l’État encadre des institutions religieuses et patrimoniales. Moumin Hassan Barreh incarne aujourd’hui ce nœud de responsabilités. Peu exposé au grand public international, il apparaît pourtant régulièrement au premier plan dès qu’il s’agit de coopération religieuse, de lutte contre la radicalisation, de diplomatie culturelle et d’organisation du Hajj. Son profil se lit moins à travers une biographie personnelle largement documentée qu’à travers des actes officiels, des missions à l’étranger, des rencontres bilatérales et des prises de parole qui dessinent, par touches successives, son rôle dans l’appareil d’État djiboutien.

Dans un pays situé au point de jonction de la mer Rouge et du golfe d’Aden, adossé à une région traversée par des tensions politiques, sécuritaires et identitaires, les questions religieuses ne se limitent pas à la seule pratique du culte. Elles se connectent à la stabilité intérieure, aux relations avec les voisins, à l’image projetée à l’international et aux équilibres institutionnels. C’est dans cet espace, à la fois sensible et stratégique, que Moumin Hassan Barreh évolue. Ce portrait journalistique se fonde uniquement sur des informations publiques vérifiables et sur des éléments attestés par des communications officielles et des comptes rendus datés.

Un responsable gouvernemental identifié par ses fonctions officielles

Moumin Hassan Barreh est, selon la composition officielle du gouvernement publiée par les autorités djiboutiennes, ministre des Affaires musulmanes et des Biens Wakfs. À ce titre, il fait partie de l’équipe gouvernementale conduite par le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed et placée sous l’autorité du président Ismaïl Omar Guelleh. La simple mention de son portefeuille indique déjà deux axes majeurs de son action.

Le premier concerne les Affaires musulmanes, c’est-à-dire la relation entre l’État et les structures religieuses, la gestion de sujets liés au culte, la formation ou l’encadrement institutionnel de cadres religieux, et les politiques publiques associées à la prévention de l’extrémisme et à la promotion d’un islam qualifié de modéré par les communications officielles. Dans le contexte djiboutien, cet aspect n’est pas isolé : il s’inscrit dans une région où les discours religieux circulent facilement au-delà des frontières et où les États cherchent à consolider des cadres de référence, des institutions et des partenariats pour maîtriser les dérives idéologiques.

Le second axe est celui des biens wakfs, parfois orthographiés waqfs ou awqaf selon les translittérations. Il s’agit de biens de mainmorte ou de dotations pieuses dédiées, traditionnellement, à des causes religieuses, sociales ou éducatives. Dans de nombreux pays musulmans, la gestion de ces biens implique des arbitrages juridiques, économiques et sociaux. Le ministère a donc, en pratique, une dimension patrimoniale et administrative, au-delà du seul volet religieux.

Les publications institutionnelles et les comptes rendus d’activités montrent que Moumin Hassan Barreh représente Djibouti dans des rencontres internationales liées à ces thématiques. Son nom apparaît dans des audiences diplomatiques et des conférences spécialisées, où il intervient au nom du gouvernement. On voit ainsi un ministre dont la présence publique se matérialise surtout par des séquences de représentation, de négociation et d’orientation politique sur des dossiers précis.

Il faut toutefois souligner un point essentiel pour comprendre le personnage sans extrapoler : les informations biographiques personnelles largement détaillées (date et lieu de naissance, parcours académique complet, trajectoire partisane explicitée, carrière antérieure documentée dans des sources indépendantes) ne sont pas systématiquement disponibles dans les communications consultées. En l’absence de données consolidées et recoupables, un portrait rigoureux doit donc s’en tenir à ce que ses fonctions et ses actes officiels permettent d’établir avec certitude.

Un portefeuille aux implications concrètes : Hajj, encadrement religieux, biens wakfs

Pour mesurer l’empreinte de Moumin Hassan Barreh, il faut regarder le type de dossiers qui remontent régulièrement à son ministère. Le plus visible, parce qu’il touche des citoyens de manière très directe, est l’organisation du Hajj. La logistique du pèlerinage mobilise des questions de quota, de transport, d’hébergement, de coordination avec les autorités saoudiennes, de contractualisation avec des prestataires et d’encadrement sur place. C’est un chantier à la fois administratif, diplomatique et social : au moindre dysfonctionnement, la pression est immédiate.

Des comptes rendus publics relatent, par exemple, une mission officielle à Djeddah en janvier 2025, avec un objectif explicite : optimiser l’organisation du Hajj pour les pèlerins djiboutiens. L’épisode décrit des rencontres avec les autorités compétentes et des prestataires, la signature d’une convention portant sur les modalités d’organisation, des visites de sites (notamment à Mina) et des inspections liées à l’hébergement. Le même ensemble d’informations fait état d’un volet transport, avec des échanges visant à sécuriser des liaisons aériennes entre Djibouti et les lieux saints.

Ce type de déplacement n’est pas un détail de communication : il illustre une réalité de gouvernance. Dans de nombreux pays, le Hajj est l’un des moments où l’État se trouve évalué très concrètement par les familles, les associations et les communautés concernées. La gestion des listes, la transparence des procédures, la sécurité, la qualité des prestations, le traitement des imprévus : autant d’éléments qui peuvent renforcer la confiance ou, au contraire, alimenter la critique. Le rôle du ministre, ici, consiste à sécuriser des accords en amont et à piloter une chaîne logistique dont les maillons dépassent largement le territoire national.

Au-delà du pèlerinage, le ministère se situe au centre des politiques d’encadrement religieux. Les échanges officiels autour de la coopération bilatérale dans le domaine religieux mentionnent régulièrement la formation de cadres, la gestion des mosquées et la coordination des politiques religieuses face à des défis contemporains, dont la lutte contre l’extrémisme et la radicalisation. Ces thèmes reviennent comme une matrice : ils structurent le discours public et dessinent les priorités affichées.

La dimension wakfs renforce encore la portée du portefeuille. Les dotations pieuses ne sont pas seulement une question de tradition : elles représentent, potentiellement, des actifs et des ressources dont la gestion peut servir des objectifs sociaux (entretien de lieux de culte, soutien à des activités éducatives, aide à des publics fragiles). La présence, dans certaines délégations, de responsables explicitement rattachés à la gestion des wakfs, montre que le sujet n’est pas secondaire. Il s’inscrit dans une logique de gouvernance patrimoniale : inventaire, administration, développement, régulation.

Enfin, les prises de parole publiques associées à ce ministère insistent sur un registre de modération, de tolérance et de coexistence. Cette rhétorique n’est pas propre à Djibouti, mais elle prend une coloration particulière dans la Corne de l’Afrique, région où les conflits, les recompositions politiques et les influences extérieures ont souvent une dimension religieuse ou identitaire. Dans ce cadre, le ministre devient un acteur de stabilité, au moins dans le récit officiel : un responsable chargé de consolider un référentiel de “juste milieu” et d’en faire un instrument de cohésion.

La dimension régionale : diplomatie religieuse et voisinage somalien

Le nom de Moumin Hassan Barreh apparaît aussi dans des séquences où Djibouti dialogue avec ses voisins, et en particulier avec la Somalie. Ces échanges se font à un niveau ministériel, avec des délégations comprenant des oulémas, des responsables institutionnels et parfois des parlementaires. Le contenu, tel qu’il ressort des comptes rendus publics, tourne autour d’une coopération religieuse structurée : formation, administration des mosquées, développement des wakfs, et coordination face à la radicalisation.

L’intérêt de ces rencontres est double. D’abord, elles mettent en lumière une diplomatie thématique : la religion comme espace de coopération officielle, et non comme simple arrière-plan culturel. Ensuite, elles soulignent une stratégie de soft power régional : en se présentant comme un acteur de référence en matière de modération religieuse, Djibouti cherche à stabiliser ses relations, à sécuriser ses frontières symboliques et à peser dans un environnement souvent volatil.

Un exemple récent, daté d’octobre 2025, relate une audience accordée à un homologue somalien en visite officielle. Le compte rendu insiste sur des valeurs spirituelles partagées et sur la nécessité de travailler ensemble pour préserver un attachement à la modération. Il mentionne également un institut présenté comme un centre de référence régional pour la diffusion des valeurs de coexistence pacifique. Le message est clair : Djibouti se pose en hub de formation, de doctrine institutionnelle et de coordination contre les discours extrémistes.

Ce positionnement s’inscrit dans un contexte régional où la circulation des prêcheurs, des contenus, des financements et des influences est une réalité. Les États cherchent à garder la main sur l’interprétation légitime, sur les réseaux d’enseignement, et sur les dispositifs de prévention. Pour un ministre djiboutien, participer à cet effort revient à agir autant sur la scène intérieure que sur la scène extérieure, puisque les dynamiques idéologiques ne s’arrêtent pas aux frontières.

On note aussi que Moumin Hassan Barreh est mentionné dans des cadres de conférences et de forums où la stabilité régionale, la réconciliation et la production d’idées sont discutées avec des acteurs de la Corne de l’Afrique et des diasporas. Là encore, il convient de ne pas prêter plus que ce qui est attesté : ces mentions indiquent une présence et une participation, mais elles ne suffisent pas à reconstruire une doctrine personnelle détaillée. Elles montrent toutefois que son ministère est attendu dans des espaces où le religieux croise le politique et la sécurité.

Il faut enfin intégrer une dimension plus discrète mais significative : la diplomatie religieuse sert aussi de canal lorsque la diplomatie classique est encombrée. Parler formation de cadres religieux, administration des mosquées ou prévention de la radicalisation permet d’aborder indirectement des sujets de confiance, de coopération administrative et de stabilisation sociale. Dans cet usage, le ministre est un interlocuteur utile : il peut bâtir des ponts institutionnels sans entrer frontalement dans les dossiers les plus polarisants.

Culture, patrimoine et image internationale : un champ qui a compté dans son action publique

Selon plusieurs comptes rendus datés, Moumin Hassan Barreh a exercé, à certaines périodes, un portefeuille élargi intégrant la Culture, en plus des Affaires musulmanes et des Biens wakfs. Les mentions publiques le décrivent alors comme ministre des Affaires musulmanes, de la Culture et des Biens Waqfs, notamment lors d’événements internationaux et de rencontres bilatérales. Cette articulation est intéressante : elle montre une vision où le religieux, le patrimoine et la diplomatie culturelle peuvent être traités comme un ensemble cohérent.

Un épisode marquant se situe à Paris, dans le cadre d’un forum de ministres de la Culture organisé autour de l’UNESCO en novembre 2019. Le compte rendu public indique qu’il a participé à un panel de haut niveau consacré au rôle de la culture et du patrimoine comme énergie renouvelable pour le dialogue et la paix. Il y est question de diplomatie culturelle, de promotion d’expressions culturelles nationales, d’inclusion et de dialogue culturel, mais aussi du rôle de la culture dans l’éducation, l’emploi et l’espace public. Dans cette séquence, Moumin Hassan Barreh apparaît comme un porte-voix de la politique culturelle djiboutienne, reliant patrimoine, dialogue et stabilité.

Quelques mois plus tard, en janvier 2021, une audience avec l’ambassadeur de France à Djibouti est présentée comme un moment consacré au renforcement de la coopération culturelle. Le compte rendu évoque des échanges sur l’appui technique dans le domaine bibliothécaire et archivistique, et mentionne l’inauguration, fin décembre 2020, de nouvelles institutions nationales liées à la bibliothèque et aux archives. Le ministre y souligne la collecte de fonds documentaires, l’acquisition et la restitution d’archives, considérées comme partie de la mémoire historique et de l’identité culturelle nationale.

Ce type de dossier n’est pas anodin. Les archives, la bibliothèque, la conservation et la restitution constituent, dans de nombreux pays, un enjeu de souveraineté culturelle. Travailler sur ces sujets, c’est inscrire l’État dans une narration nationale, protéger des sources historiques, construire une mémoire institutionnelle, et aussi développer des coopérations techniques avec des partenaires étrangers. Là encore, l’angle est politique : la culture n’est pas seulement une affaire d’événements, elle devient une infrastructure de l’identité.

La rencontre, plus ancienne, mentionnée par une communication diplomatique étrangère, où il est présenté comme ministre de la Culture, des Affaires islamiques et des dotations, renforce l’idée d’un responsable habitué aux échanges internationaux sur des dossiers culturels et religieux. Ces séquences révèlent un ministre qui ne se limite pas à une gestion administrative interne, mais qui s’inscrit dans un réseau de relations bilatérales, de forums et de vitrines où Djibouti cherche à peser par la culture autant que par la géostratégie.

Il est important de noter que, dans la configuration gouvernementale la plus récente consultée, son titre officiel ne mentionne plus explicitement la Culture, celle-ci relevant d’un autre portefeuille. Ce point illustre une réalité fréquente : les périmètres ministériels évoluent selon les remaniements et les choix politiques. Pour un portrait journalistique, cela signifie qu’il faut suivre les intitulés et les dates, et distinguer les périodes où la culture faisait partie de son champ officiel des périodes où elle ne l’est plus.

Au final, la réponse à la question “Qui est Moumin Hassan Barreh ?” se formule surtout ainsi : un ministre djiboutien dont le poids se mesure par les dossiers qu’il porte. Il est l’un des visages de l’État sur la scène religieuse, un acteur de l’organisation du pèlerinage, un interlocuteur sur la gouvernance des biens wakfs, et, à certaines périodes, un représentant de Djibouti dans des espaces de diplomatie culturelle. Dans une région où les équilibres sont fragiles, cette combinaison de fonctions place son action au cœur de sujets à la fois intimes (le culte, la foi, les rites) et hautement politiques (la stabilité, l’influence, la prévention des extrémismes, l’image internationale).

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